Bonjour Mesdames et Messieurs, ici le journal 60 minutes Insid.
Les journalistes Lucille et Carmen ont interviewé Albert Camus, le 26 Juillet 1950 dans sa résidence de vacances.
« Bonjour M.Camus, nous sommes des journalistes du journal 60 minutes Inside. Merci de nous recevoir dans votre résidence, nous venons pour vous poser quelques questions.
(Albert Camus, allumant sa cigarette.).Bonjour, oui, je vous écoute.
Merci beaucoup. On aimerait bien savoir comment s’est passée votre enfance ?
Je n’ai pas connu mon père, car il a été mobilisé pendant la Première Guerre Mondiale et il est mort à la Bataille de la Marne. J’ai juste pu voir quelques photographies et connaître l’anecdote sur son dégoût devant le spectacle d’une exécution capitale.
Ma mère, elle, était une serveuse espagnole qui ne savait pas vraiment s’exprimer et ne savait ni lire ni écrire. J’ai beaucoup souffert de la pauvreté de ma famille, ma mère peinait à nous nourrir par ses pauvres moyens. Nous vivions chez ma grand-mère qui était également pauvre. Je la respecte beaucoup car c’est elle qui nous a éduqués avec mon frère mais je dois dire que j’ai beaucoup été influencé par mon oncle après avoir contracté la tuberculose.
Effectivement, vous avez eu une enfance compliquée. Quelles études avez-vous faîtes et comment se sont-elles déroulées ?
C’est vraiment grâce à l’aide de Louis Germain, mon instituteur, que j’ai pu poursuivre mes études au Lycée Bugeaud. J’ai obtenu mon Baccalauréat, puis j’ai commencé mes études de Philosophie, malgré ma maladie qui m’a empêché de passé mon agrégation de philosophie.
Quelle est actuellement votre activité, et pouvez- vous nous parler de ce que vous écrivez en général ?
Je suis tout simplement à la fois un philosophe, un romancier, un dramaturge, essayiste et un nouvelliste, mais vous devez déjà le savoir. Ce qui veut dire que j’écris des pièces de théâtre comme Le Malentendu, des romans comme L’Etranger, des essais comme par exemple L’Homme révolté mais aussi des scénarii de films, des poèmes,.. Dans mes œuvres, j’ai surtout développé l’humanisme, mais aussi la révolte.
Comment en êtes-vous arrivé à une telle notoriété ?
J’ai entamé une carrière de journaliste. J’ai écrit dans le journal « Alger Républicain » où mes articles ont été remarqués. C’est quelques années plus tard que j’ai commencé à être célèbre par mes œuvres qui ont eu du succès.
Cela a donc pu vous permette de rencontrer des personnes célèbres avec lesquelles vous avez créé des liens ?
J’ai rencontré beaucoup de personnes, mais je me suis lié d’amitié avec Jean-Paul Sartre. Il a voulu que je mette en scène sa pièce Huis clos , mais cela n’a pas duré. Après la publication de L’Homme Révolté, il y a eu de violentes polémiques. C’est là que s’est déroulée la rupture avec Jean-Paul Sartre à cause de la publication des Temps Modernes et de l’article de Janson qui me reprocha ma révolte. Ce fut la fin d’une amitié.
Pourquoi vous êtes-vous engagé au Parti Communiste ?
(hésitant) Je n’appartenais à aucune famille politique déterminée, mais j’ai été adhérent au parti communiste pendant deux ans. J’ai écrit un célèbre reportage sur la misère en Kabylie. Pour le parti Communiste, j’ai organisé une campagne de propagande auprès des Arabes. J’ai été interrogé à Stockholm par un étudiant musulman sur le caractère de la lutte menée par le Front de Libération Nationale, en dépit des attentats terroristes.
Avec quelles œuvres avez-vous eu le plus de succès ?
Pour moi c’est La Peste qui a connu un très grand succès, je l’ai publié en 1947. Dans ce roman, j’ai voulu parler de l’absurde et de la révolte.Il raconte sous forme de chronique la vie quotidienne des habitants pendant une épidémie de peste qui frappe la ville et la coupe du monde extérieur.
Nous avons lu ce roman et nous le trouvons particulièrement intéressant. Le fait de comparer la peste à la guerre est très recherché.
Nous avons une dernière question à vous poser : quand vous avez reçu votre prix Nobel, à qui avez vous principalement pensé ?
J’ai reçu le Prix Nobel de littérature pour « l’ensemble d’une œuvre qui met en lumière les problèmes se posant de nos jours à la conscience des hommes. » . Quand j’ai eu le Prix Nobel, j’ai tout de suite dédié un discours à Louis Germain, l’instituteur qui m’a permis de continuer mes études. J’ai été quand même déçu car j’aurais voulu que cette distinction revienne à André Malraux, mon aîné.
Merci de nous avoir reçues et de nous avoir donné un peu de votre temps. Cela fut un plaisir de faire une interview avec vous. Nous vous souhaitons une bonne continuation.
Merci à vous, c’était avec plaisir que j’ai contribué à votre interview. A très bientôt j’espère.
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