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Par : Jadene
Publié : 22 octobre 2012
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« Oui, il est bien évident que mon enfance se ressent maintenant »

Qui est vraiment Albert Camus ? Nous sommes allés à sa rencontre, il se confie à nous.

 

De Jadene et Alexis - le 22 octobre 1954

Journalistes : Monsieur Camus, merci d’avoir répondu à notre invitation ; je commencerai par une simple question : qu’est-ce qui vous a poussé à écrire, vous en a donné l’envie ? 

A.C : Mon envie vient de partout et de nulle part, tout d’abord, d’un instituteur qui me désignait comme le premier des Philos 1, ma classe de l’époque. Mais l’écrit m’a permis d’extérioriser d’une certaine manière le manque d’affection paternelle que je n’ai jamais eue. Je pense que chaque personne se doit de trouver une façon de parler au monde, de faire comprendre ses émotions. Ma méthode est la plume et le papier.

 J : Quelle fut votre première œuvre ?

A.C : Ma première œuvre, enfin adaptation théâtrale, a été en 1936 Le Temps dumépris et mon premier roman a été La mort heureuse qui est sorti en Algérie en 1936 et fut publié en France sous le titre de L’Étranger en 1942.

 J : Combien de temps avez-vous mis pour l’écrire ?

A.C : Mon roman a été achevé en 1940 ; cependant, il n’a été publié que deux ans plus tard. 

 J : Par ailleurs, vous aviez hésité entre deux titres « l’Étranger » et « La Mort Heureuse » ; pourquoi ?

A.C. : Oui, entre « L’Étranger » et « La mort heureuse », il y a eu une certaine hésitation. Cependant, le côté absent du personnage de Meursault, fait de lui un étranger aux yeux des autres, de par sa réaction à la mort de sa mère, par exemple. La mort heureuse quant à elle se rapprochait seulement du fait que la mort est certes présente dans tout le récit, mais aussi que nous pouvions la mettre au second plan pour mettre au premier plan l’étrange homme qu’est Meursault.

J : Est-ce que le fait justement de n’avoir que peu connu votre père n’est pas l’un de vos piliers d’écriture, car on le voit, comme dans L’Étranger, vos romans sont, pour l’essentiel, des romans sans père ? 

A.C : Oui, il est bien évident que mon enfance se ressent maintenant, dans ma vie de tous les jours, et encore plus dans mes romans. Par ailleurs, même si dans beaucoup de mes romans, le père est absent, tué ou bien substitué, il n’en est pas moins vrai que j’écris contre mon propre père. Il n’est pas parti loin de ma mère par lui-même, il répondit à l’appel de la Nation, à un âge où moi-même ne comprenais pas le mot « Patrie ». Cependant, le côté paternel se fait ressentir dans mes romans, prenons exemple de L’Étranger. Le père est remplacé par un directeur d’asile, ou bien un juge d’instruction. L’important n’est pas de se dire que le héros est sans père, mais il faut savoir où chercher pour trouver. 

J : Merci, et pardonnez- moi, mais, quelle relation avez-vous avec Jean-Paul Sartre ?

A.C : Jean-Paul et moi sommes tous les deux des romanciers et des dramaturges, philosophes nous faisions aussi partie du journal « Combat » ; c’est grâce à moi qu’il a pu intégrer l’équipe du journal pendant la résistance. Cependant, on a toujours été en rivalité, Jean-Paul dit sans cesse que je ne suis pas un vrai philosophe, il vient d’un milieu bourgeois ; donc il se croit supérieur à beaucoup de personnes.

J : Qu’en est-il de votre vie sentimentale ?

A.C. : Je n’ai pas très envie d’en parler aux médias, c’est un peu compliqué en ce moment.

J : Je vous remercie infiniment de vos réponses, je vous souhaite une bonne journée

A.C. : Merci, c’était avec grand plaisir ; à vous également

Sources  :

cardona-pj.net

Wikipédia

pagesperso-orange.fr