Il avait lu les articles que les lycéens ont publié sur le Blog à propos de leurs impressions de la première rencontre ; il a apprécié leur perception , surprenante et agréable ; quelque chose s’est débloqué en eux par rapport à la poésie ; le regard de Rémi qui a "fictionnalisé" la rencontre lui a paru particulièrement original.
Les lycéens qui ont étudié deux de ses poèmes (et bientôt un troisième) avaient de nombreuses questions précises à poser.
"Recueil", c’est le fait de "recueillir", sans idée de lien entre le poèmes ; or, moi, j’écris des textes qui ont un lien entre eux, un fil narratif. Mallarmé a écrit que "tout au monde existe pour aboutir à un livre." Écrire de la poésie, c’est capter quelque chose du monde, dans le réel qui est transformé et aboutit à un livre.
"Recueil" est associé par sa sonorité à "cercueil" ; un livre ne doit pas être un tombeau ; au contraire, il est ouvert, vivant. Le poème est souffle de vie. Le livre fini, il continue de vivre. Chaque poète continue ce que d’autres ont écrit avant lui dans une chaîne littéraire.
Oui, un poète moderne inspiré de poètes anciens (les Grands Rhétoriqueurs du XVe siècle, les Baroques du XVIIe...)
Je suis un baroque d’aujourd’hui.
Le Baroque est une notion atemporelle. Être moderne, c’est continuellement se questionner, se transformer, se renouveler, à l’image de l’eau toujours ondoyante décrite par les Baroques.
Jean-Pascal Dubost semble d’abord comme embarrassé par la question de Marie ; il esquive, pirouette en citant un écrivain, Raymond Federman, à qui un journaliste reprochait de parler trop de sa vie :
"Mais qu’est-ce que vous savez de ma vie ?"
Très vite cependant, il en vient à nous confier des choses intimes ; il révèle un peu l’enfant qu’il a été, un enfant "empêché" de lire, de rêver, de parler peut-être ; un enfant qui s’interrogeait sur le langage et le silence. Mais il le dit sans amertume, sans acrimonie ; c’est cette enfance-là qui, aujourd’hui, lui permet d’écrire ;
je suis un poète débâillonné.
Guillevic ne dit-il pas que le poète écrit avec son enfance en filigrane ?
Ce "nous" renvoie aux frère et soeurs de l’enfant. C’est l’occasion pour Jean-Pascal Dubost de lire un autre poème de Les Nombreux, "Les Chamailles".
Il explique ainsi le titre du livre : les "Nombreux", ce sont les personnages, les voix qui circulent en moi ; le nombre désigne aussi, dans la langue ancienne, le rythme, le vers.
Ce qui me plaît, c’est le mélange.
Je mélange tout, mots anciens et mots puisés dans le monde contemporain (SMS), mots littéraires et mots empruntés à Tintin, patois et termes universitaires ; c’est ma façon d’être politique ; je ne fais pas de hiérarchie sociale.
Bien sûr, des paysages de mon enfance, les grands champs labourés où ils s’abattaient par bandes, mais aussi d’un film, The Crow avec Brandon Lee (le fils de Bruce Lee).
Je lis de la fantasy, la trilogie de Mervyn Peake, par exemple ; j’ai acheté les volumes de Game of throne pour les lire après avoir vu la série. J’ai le projet d’écrire des poèmes fantasy.
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Dernière mise à jour : lundi 24 janvier 2022