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Par : Thomas
Publié : 19 mars 2013
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Les origines du mythe du bon sauvage

L’image que véhiculeront les missionnaires et voyageurs du "nouveau monde" , c’est-à-dire l’Amérique découverte en 1492 par Christophe Colomb, va permettre aux Européens de projeter sur ces territoires une utopie où l’homme vivrait heureux à l’état de nature.

Cette terre nouvelle où l’homme vit de façon archaïque inspire Montaigne qui va consacrer un chapitre des Essais , "Des Cannibales", à une réflexion autour du terme "barbare".

Les écrits de Montaigne sont fondateurs du mythe du bon sauvage qui consiste en une vision imaginaire d’une terre sur laquelle l’homme vivrait heureux, en harmonie avec la nature dont les richesses lui épargneraient le travail.

Hommes déguisés en sauvages, xylogravure, 16eme siècle.
Une xylogravure est une gravure sur bois, généralement avec une gouge ou un burin.

Ce mythe, comme toute représentation fantasmée de l’Autre, induit une part d’attirance et de répulsion. 

Extrait du chapitre "Des Cannibales", Essais (1580)
 
« Ces nations me semblent donc barbares de cette manière : pour avoir reçu fort peu de façon de l’esprit humain, et pour être encore fort voisines de leur naïveté originelle. Les lois naturelles leur commandent encore, fort peu abâtardies par les nôtres, mais c’est dans une telle pureté qu’il me prend quelquefois déplaisir que la connaissance n’en soit venue plus tôt, du temps qu’il y avait des hommes qui eussent su juger mieux que nous...(...). C’est un peuple, dirais-je à Platon, dans lequel il n’y a aucune espèce de trafic, nulle connaissance des lettres, nulle science des nombres, nul nom de magistrat ni supériorité politique, nul usage de service, ni richesse, ni pauvreté, nul contrat, nulle succession, nul partage, nulle occupation qu’oisive, nul respect de la parenté que commun, nul vêtement, nulle agriculture, nul métal, nul usage du vin ou du blé. Les paroles mêmes qui signifient le mensonge, la trahison, la dissimulation, l’avarice, l’envie, la médisance, le pardon : inouïes. Combien il trouverait la République qu’il a imaginée loin de cette perfection. »

L’image du bon sauvage se lit également dans Voyage au Canada, le récit par Jacques Cartier de ses rencontres avec les autochtones d’Hochelaga. Selon Cartier, le sauvage n’est plus barbare, mais plutôt proche de la nature, « l’âme aussi pure que des enfants ». Leur façon de s’habiller et leur mode de vie montrent à Cartier qu’ils ne sont pas effrayants ni dangereux, mais qu’ils sont des êtres humains.


 

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