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Par : Lou
Publié : 3 février 2013
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Tartuffe masqué : faire résonner toute la force du texte à travers les personnages masqués.

  

Pour vous éclairer à propos du rapport de Mario Gonzalez, et de son Collectif Masqué, au texte de Molière et au jeu masqué je vous propose de lire ses notes d’intentions de mise en scène :

"J’ai créé Tartuffe au "Boulevard Teater" de Stockholm en 2002 et depuis, je rêvais de reprendre ce texte dans la langue de Molière. La proposition de Gérard Audax (de la Cie Clin d’Oeil qui co-produit le spectacle) et Christophe Patty (du Collectif Masqué) m’a tout de suite emballé. Monter ce texte avec des équipes que je connais bien, des comédiens rompus au travail du masque et capables de donner toute la sincérité qu’exige ce style de théâtre. Sans sincérité, le masque devient grotesque, simple caricature sans chair, sans profondeur et ne restitue qu’un comique pathétique et superficiel.

C’est sous l’angle de la sincérité précisément que je souhaite aborder cette œuvre, parce qu’elle parle de l’hypocrisie, de la manipulation, qu’elle questionne l’ambiguïté qu’entretiennent entre eux l’être et le paraître.

Tartuffe n’est pas qu’un simple profiteur abusant du crédule Orgon. L’un et l’autre représentent bien plus que cela et la sincérité des comédiens/personnages est le seul outil capable d’aller puiser dans les replis de l’humain pour tenter de rendre la portée universelle de ce texte.

Les costumes seront d’époque et le dispositif scénique assez sobre pour laisser une aire de jeu aussi libre que possible. Mais dans un premier temps ce sont les masques qui m’importent, ils sont à concevoir, à inventer, il faut qu’ils parlent juste et donnent aux personnages une totale crédibilité.

Pour jouer Tartuffe, grossir le trait n’est pas nécessaire, il suffit d’être au plus près du texte que Molière nous offre. Il nous appartiendra donc de faire résonner toute la force et la beauté du texte à travers ces êtres intemporels que sont les personnages masqués. "

Parmi les comédiens du Collectif jouant dans Tartuffe, se trouve Didier Girauldon que je connais par le bais du Conservatoire de Tours où il intervient pour donner des cours de clown et masque.

En tant que metteur en scène, il a mis en scène en mars 2010, BEN, écrit et interprété par Charlotte Gosselin. Pour ceux que ça intéresse de voir comment le masque peut être utilisé dans un répertoire contemporain, Ben (dealer avec la réalité), sera joué le jeudi 14 mars à Issoudun au CCAC. J’ai vu ce spectacle et je vous le conseille vivement !

Affiche pour Ben

Voici quelques mots de Charlotte Gosselin qui vous éclaireront sur le contenu et la portée du spectacle :

"Petite, je m’interrogeais beaucoup sur le monde des adultes, sur leurs « obligations ». Pourquoi mes parents devaient passer par une banque pour avoir le fruit de leur travail. Je regardais les difficultés qu’ils avaient à simplement vivre. Je regardais le bureau de mon père, tous ces papiers, et je me disais "qui m’expliquera, à moi, quand je serai grande, comment ça marche ?" Je m’interrogeais sur la place de l’Argent, la place qu’il pouvait prendre dans une vie. Sa valeur.
Et en grandissant j’ai compris.
J’ai compris qu’à un certain instant de la vie, pour devenir "adulte", il nous était demandé de laisser ces interrogations (considérées comme naïves) de côté, pour faire place à des mots comme : travail, argent, réussite. Pas par but carriériste mais pour simplement vivre ou plutôt, survivre.

Et cet endroit, ce passage où nos rêves sont laissés de côtés, et peu à peu abandonnés, oubliés avec l’enfance, ces rêves que l’on pense être idiots ou naïfs, cet endroit-là, je voulais le retrouver et le partager avec d’autres. Se laisser le temps de se souvenir.
Comme m’a dit une fois une enfant en toute simplicité : "Comment on peut faire à l’école pour rêver et écouter la maîtresse en même temps ?"."

 Pour revenir sur le Conservatoire de Tours que j’ai évoqué plus haut, je conseille à ceux qui voudraient pratiquer le théâtre d’y entrer. Qu’on fasse du théâtre depuis dix ou bien un an, ça n’a pas d’importance, ce qui compte c’est la motivation et l’énergie que l’on a à donner. J’y suis depuis deux ans et j’en suis contente !

Sources :

http://www.collectifmasque.com/

http://www.theatredelenche.info/spi...