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Publié : 15 novembre 2015
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Publication des nouvelles distinguées par le jury : "Demain sera un autre jour".

DEUXIEME PRIX : Ilona Mohini-Murti Amyot, Lycée Pierre et Marie Curie, Châteauroux.

Tout est si sombre ce soir, la nuit est dépourvue de lune. Pourtant je me vois. Je me vois courir au loin, comme éclairée par un spotlight, pareille à une comédienne entrant en scène. Je me vois perdre haleine à essayer de distancer la silhouette qui me poursuit. Elle est rapide, et armée. Une lame d’environ trente centimètres. Il n’y a qu’elle que je peux distinguer, son possesseur étant dissimulé par des ombres. Mon attention se retourne sur moi. Je me suis arrêtée, bloquée par un cul-de-sac, difficile de s’orienter dans les ténèbres. Je m’observe paniquer, étrangère à toute cette agitation. Tout juste curieuse de savoir qui peut bien vouloir attenter à ma vie. À cette pensée je me retrouve projetée plus près de l’action. J’entends maintenant mon souffle court et celui posé de mon agresseur. Ou futur agresseur ? Après tout il ne m’a pas encore amochée. Peut-on considérer la menace d’arme blanche comme une agression ? Peu importe, le voilà qui s’approche, doucement, sûr de sa victoire. Il ne manque plus que quelques pas pour que je le distingue...

Les premiers accords de la guitare de Back in Black d’AC/DC me sortent de ma torpeur. Je suis frustrée de n’avoir pu apprendre l’identité du propriétaire de l’épée mais au moins satisfaite de ne pas avoir été tuée ; même en songe, ce n’est jamais agréable d’être transpercée ou découpée.
Je m’étire avec peine, faisant craquer mon corps et se contracter mes muscles. Quand faut y aller...
Quittant mon chaud et doux cocon de couvertures je pénètre dans la fraîcheur de ma chambre. Essayant de me repérer dans la pénombre pour ne pas glisser sur mes affaires, je tire machinalement sur mon Tshirt afin qu’il couvre plus de surface mais celui-ci se remet toujours en place, refusant obstinément de devenir une chemise de nuit. Une fois dans la salle de bain je le retire et le laisse choir au sol avant d’enlever ma bague et de la poser délicatement sur un meuble et enfin rentrer dans la douche après avoir attrapé un élastique. En attendant que l’eau se réchauffe, j’attache mes cheveux dans un semblant de chignon, pour finalement sentir la caresse de l’eau sur ma peau. Rien n’est plus agréable que cette sensation, à part bien sûr les caresses prodiguées par le corps aimé. Cette douce idée additionnée à l’effet de l’eau achève de me décontracter. Profitant de ce moment de sérénité tout en me disant qu’il ne faudra pas que je le laisse s’éterniser, je regarde la lumière naturelle gagner du terrain à mesure que le soleil entame sa longue marche. À travers la fenêtre je vois aussi les formes de dizaines, de centaine d’êtres vivants s’activer, ce qui me rappelle à quel point nous sommes nombreux. C’est tout de même incroyable le nombre de possibilités de parcours de vie différents qui existent.

Si je n’étais pas tombée sur ce corps, sur cette vie, qui sait quelle autre j’aurais tirée.
Peut-être que je serais l’épicier du quartier qui se plaint des membres de sa famille, ces « vrais chieurs », des clients qui sont des « vrais connards, sauf vous bien sûr » et de ces Hommes politiques « les pires de tous, de vrais salauds ». Ou alors ma prof de chant, tellement motivée ! Toujours à déclarer, lorsque l’un de nous n’arrive pas à faire sentir le son voulu de sa gorge, « Tu ne le désires pas assez fort, vouloir c’est pouvoir ! ». Prenant, pour appuyer ses dires, l’exemple de son cas d’alcoolique sevrée par sa brillante détermination, à peu près 96,5% du temps voir 97% certains semestres ; les autres exemples étant certains de ses anciens élèves. (Oui c’est inutile mais j’ai calculé)
Ou encore le grand frère prêt à tout pour ses petits frères et sœurs, qui encaisserait les coups d’un père violent pour eux et prendrait soin d’eux à la place d’une mère enfuie.
Ou bien la coqueluche cinématographique d’un pays, mariée à un riche trader et ayant adopté deux enfants, un garçon et une fille, de pays défavorisés « Ça fait bien et puis ils ne pourraient pas souhaiter mieux ».
Être la jumelle dans l’ombre de la courageuse et la débrouillarde, aimant qu’elle l’entraîne dans ses aventures mais préférant l’habilité de son crayon sur le papier soyeux.
N’être qu’un embryon, avec un minuscule cœur qui ne bat pas encore, protégé par un ventre doux.
Être une tigresse paresseuse, enfermée dans un zoo.
Être un faon hésitant dans la nuit.
Ou n’être qu’une bactérie vivant dans l’eau.

Est-ce qu’une bactérie pense ? A-t-elle une conscience ? Conscience... Conscience de l’éclat du soleil qui pointe son nez. Conscience de l’eau qui parcourt mon corps. Conscience du temps qui passe.
Je vais finir par me mettre en retard.

Je termine rapidement de me laver et ressors, supposément recouverte de fragrances de cacao et de beurre de karité, mais ayant seulement une odeur sucrée avec une pointe d’amertume. Je me sèche vigoureusement, vois ma bague, la mets, puis me dirige vers ma chambre pour me vêtir. Délaissant ma serviette sur le pied de mon lit je m’avance près de mon armoire, attrape des sous-vêtements confortables et des chaussettes douces. Après je m’arrête un instant dubitative devant la masse de tissus en boule ou froissée pour finalement me décider à prendre une robe colorée, ajustée en haut puis relâchée et avec des poches ! Vive les designers de mode au sens pratique. Ensuite je m’en retourne dans la salle de bain pour peigner cette saleté de tignasse blonde, pleine de reflets roux, qui n’en fait qu’à sa tête et qui est si soyeuse, et aussi brosser mes dents. Enfin je vérifie que j’ai toutes les affaires qui me sont nécessaires dans mon sac avant d’attraper ma veste en jean, mon baladeur, et dévaler les trois étages d’escaliers quatre à quatre sur One way or another de Blondie.

Toujours sur cette voix au grain particulier, tellement plus intéressante que celles des chanteuses de variétés qu’on voit aujourd’hui pulluler avec leurs tons électroniquement corrigés et aux aigus exagérés, je me dirige vers la boulangerie-pâtisserie japonaise du coin afin de me procurer mon petit déjeuner. Je délaisse le rock, appréciant les musiques zen que les propriétaires font passer, quoique cela fasse très cliché. Je prends ma préférée de leurs spécialités, je vais m’asseoir. À la première bouchée le pain, quoi que ce soit plus une sorte de brioche, se déchire doucement laissant couler la pâte de haricot sucrée et la crème dans ma bouche, je savoure. À la deuxième je déguste, appréciant le goût sucré. Je finis rapidement la troisième et la dernière m’écœure par trop d’onctuosité et de douceur... Je sors. Sauf que je heurte une jeune fille qui fait tomber son sac d’onigiri. M’excusant, je le ramasse et lorsque je le lui tends elle me remercie dans un anglais timide. D’abord surprise je me rends compte que je l’ai utilisé en première. Affichant mon sourire le plus charmant je sors avant de retrouver mes écouteurs avec Green Day et leur chanson Boulevard of broken dreams. Me dirigeant vers l’arrêt de tramway qui m’amènera près de ma fac, je rêvasse. J’adore l’anglais. Je ne sais pas pourquoi, peut-être parce que j’écoute majoritairement des musiques chantées en anglais, ou bien que je préfère les films avec les voix originales plutôt que les doublages français, ou que j’ai beaucoup de membres de ma famille aux origines anglophones. Toujours est-il que j’apprécie de m’exprimer en anglais, c’est tellement plus simple : ça coule tout seul. Pas de divagation, pas de philosophie sur une question simple, juste du net et précis. C’est sûrement parce que je n’ai pas autant de vocabulaire ou d’équivalent aux expressions françaises que j’utilise ; mais je me prends moins la tête en anglais.

Soudain un haut-le-cœur m’arrête. Non, pas maintenant...
Me penchant au-dessus du caniveau, je vomis tout ce que j’ai ingurgité. Je déteste ça. Tout mon visage dégouline, autant par ma bouche que par mes narines. Mes yeux ruissellent sous la douleur des assauts de mon estomac qui essaye de gagner la gorge, celle-ci refusant obstinément. Je me sens misérable.
Après que cela ce soit arrêté je respire un moment puis sors bain de bouche et lingettes de mon sac pour me nettoyer un maximum. À chaque fois je me dis que je ne prendrais plus de petits pains, mais je sais qu’au final ça ne changerait rien. Je sors mon déodorant du sac pour masquer les restes de cette odeur insupportable et pestilentielle.
Bon, je vais vraiment être en retard.
Je rassemble mes affaires, cours puis sprinte pour arriver deux minutes en avance, ce qui correspond au temps qu’il me faut pour mettre ma musique et sortir mon livre. Je rentre et m’assois rapidement pour replonger dans le récit de Tolkien (pour la quatrième fois mais ça fait toujours plaisir de retrouver la Terre du Milieu) avec Sundown de Nightwish m’aidant à m’immerger complétement.
Le nom de ma station fait s’arrêter le cours de l’histoire, je range mon livre après avoir mis mon marque-page et descends. Je me faufile entre la masse de personnes pour arriver le plus rapidement possible à un air libre de l’emprise de cette foule, enfin, autant que l’air d’une ville polluée puisse l’être. Je chantonne l’air de Clint Eastwood de Gorillaz en même temps que les sons se déroulent dans mes oreilles tout en continuant mon chemin. Arrivant vers ce grand lieu où j’apprends des choses plus ou moins utiles pour travailler plus tard. Travailler, s’enfoncer dans une routine encore plus abrutissante que appartement-étude-appartement, s’échiner à travailler pour gagner de l’argent destiné à rembourser le prix de notre vie...
Le ton change et je me retrouve bercée par la voix de Bob Dylan et de sa douce et triste musique Knock Knock knockin’ on Heaven’s door. Je sens une présence près de moi, j’enlève un écouteur.
« ...coutes quoi ?
-Pardon ?
-Tu écoutes quoi ? » répète-t-il patiemment.
Sans lui répondre je lui souris et lui tends l’écouteur libre, qu’il manque de laisser échapper, ce qui agrandit mon sourire, et qu’il réussit finalement à mettre. Sur le chemin jusqu’à notre salle je surprends les regards étonnés et même parfois furieux sur notre passage. C’est vrai que je n’ai pas l’habitude de la présence de ce jeune homme mais comme je n’ai rien contre lui et qu’il souhaite souffrir ma compagnie je ne vois pas pourquoi je refuserais la sienne, qui est d’ailleurs assez agréable. Même si je pense que les filles qui ont des vues sur ce "beau gosse ténébreux" qui a pourtant des aspects si "doux et mignons", devraient se raviser car pour le peu que j’ai pu en voir ce n’est pas la gente féminine qui l’intéresse. Souriant je, ou plutôt on, s’approcha de mon couple préféré dans toute la ville.
Un grand viking enlaçait une petite danseuse indienne et tous deux souriaient à notre approche. Bien que je sache que ce soit surtout à la mienne. Même si, tout comme moi, ils n’avaient aucune haine envers notre nouveau camarade, celui-ci était arrivé assez soudainement parmi nous et ils ne le connaissaient pas assez pour l’apprécier réellement et leurs saluts pour lui étaient plus cordiaux qu’amicaux.
En attendant que les cours commencent on débuta une discussion, enfin ils débutèrent. C’était notre manière de communiquer. Je réagissais en riant, en acquiesçant ou, de temps en temps, en donnant mon avis sur le sujet qu’ils abordaient quand je sortais du flot de mes pensées. Lorsque je ne bronchais pas ils avaient la politesse de ne pas le faire remarquer et en plaisantaient même. Mais parfois, de rares et belles fois, ils ne pouvaient s’empêcher de me demander, surtout ma danseuse :

« Dis-moi, petite elfe évanescente, quelles grandes idées occupent tes pensées ? me disait-elle, gracieuse jusque dans ses paroles.
- La vie et sa route sinueuse qui semble tracée vers une mort salvatrice. Le monde qui aimerait dégager tant d’amour mais qui ne sait produire que de la haine. Tous ces gens ignorants qui se pensent si importants...
- Tu as un don incroyable pour répandre joie et espoir autour de toi ! me taquinait souvent mon guerrier en m’ébouriffant.
- Que veux-tu, je suis parfaite, et toute perfection plaît autant que blesse ! Non, ne t’inquiète pas pour mes chevilles, elles se portent à merveille. Je pense aussi aux gens que j’aime : mes amours, ma famille, vous et toutes ces autres personnes qui sont loin de mes yeux et près de mon âme. Je pense à tous ces moments simples et ô combien agréables. Je pense à une histoire. Un poème. Une musique. Un instant. Au néant. Parfois je ne pense pas. Souvent je ne sais pas.
- Que de choses dans une si petite tête ! » se moquaient-ils en m’étreignant.
Même le petit nouveau était inclue dans le câlin groupé, il apportait parfois sa remarque qui était toujours très percutante par son mélange de lucidité et de gentillesse.
On rentre en cours.

J’aimerais bien être unique.
Certes, je doute qu’il y ait de nombreuses personnes qui me soient semblables dans mon intégrité (à moins que ce ne soit moi qui leur sois semblable...)
Toujours est-il que je ne suis pas unique. Je ne suis pas spéciale. Pas particulièrement intéressante. Ou originale.
Rien de tout cela.
Chacune de mes caractéristiques peut être retrouvée chez des milliers, des millions, voir des milliards d’êtres. Ensemble la possibilité est nettement réduite.
Mais je ne suis pas unique. Je le voudrais.
Parfois j’ai du mal à imaginer que les autres réfléchissent, pensent, se posent des questions comme je le fais.
Pourtant c’est le cas.
Je me demande si c’est parce que je veux être unique.
Parce que je veux avoir un domaine à moi. Un domaine où je serais brillante. Où j’aurais plus d’éclat que le reste.
Mais ce n’est pas le cas.
Que ce soit en musique avec ma voix qui est la seule chose que je maîtrise à peu près et que j’essaye d’emmener sur la voie de la beauté.
Que ce soit en littérature avec mon écriture tarabiscotée, ma prose ennuyeuse et mon style tout sauf bouleversant ou marquant.
Que ce soit dans la vie ; il me manque un certain magnétisme pour avoir du charisme, il me manque de la conversation pour avoir de l’attention.
Je n’ai pas de talent ou d’aptitude spéciale.
Rien de tout ça.
Je ne pense pas avoir rien que la force ou la volonté pour m’en créer. Je ne suis qu’une personne parmi de nombreuses âmes errantes. Mais j’aimerais tant être plus. J’aime me l’imaginer...
Je voudrais que le monde se limite à mes pensées plutôt que de s’étaler.
« Qu’écris-tu ? me chuchote mon voisin
-Rien d’important, et je rajoute presque sans son, une réflexion sur mon quotidien.
-Ah bon. » Il n’insiste pas.

La journée continue jusqu’à une heure où, joie ! un cours fut repoussé par un prof, tout juste père, qui nous lança gaiement « Profitez donc du temps ! », on alla s’installer dans un parc à deux pas, obéissant à son bon conseil.
Mais alors que l’heure était à la détente notre souriant camarade, encore un peu trop distant pour être compagnon, perdit son rire qui se crispa comme le reste de son corps dans un état mêlant désespoir et peur. Notre grand gaillard se ramassa prêt à bondir sur la cause de cet effroi pendant que sa belle observait, tout en remontant une mèche de cheveux, d’une œillade la troupe bruyante qui arrivait. Moi je les regardais directement, jaugeant les individus qui en faisaient partie.
Sept personnes ; deux glousseuses peinturlurées avec plus ou moins de goût, la coqueluche accrochée au bras d’un des trois mecs ayant des airs renfrognés et plus ou moins le même style de vêtements ainsi qu’un quatrième jouant le pitre.

«  C’est fou que ce genre de groupe totalement stéréotypé existe réellement, en plus j’ai l’impression qu’ils viennent de notre bahut, pensai-je tout haut.
 - D’où sont tirés les stéréotypes d’après toi ma jolie, me sourit la véritable beauté de ce monde.
 - Mais ils sont tellement semblables ! Ils dégagent tous la même chose.
 - Et pas quelque chose d’agréable, chuchota notre petit effrayé. »
Comme s’il avait capté sa voix le clown se retourna, semblant aussi crispé que lui en le voyant. Il se retourna, adressa un sourire crispé à son groupe et partit. L’un des autres garçons voulut le retenir en s’esclaffant mais l’autre se dégagea et s’en alla.
Tous se retournèrent alors vers nous, le garçon affichant un de ces sourires supérieurs que je déteste.
Désolée Ozzy, tu me chanteras Mr Crowley une autre fois.
J’enlève mes oreillettes, juste au moment où un mot cingla dans l’air devenu soudain lourd.
« Hey la tantouze ! »
Ce n’est pas tant le mot que le ton utilisé qui me fit me lever. Lancé comme si la personne visée était moins importante qu’un animal crevé sur le bord de la route.
Au début surpris il trouva rapidement le mot pour rire.
«  Non pas toi, l’autre. »
Les autres rigolent, le poussant à continuer.
 « C’est vrai que t’as cherché à draguer mon pote ? (Le pauvre pâlit mais je ne sus pas si c’était à cause de ce ton horripilant ou à cause des paroles) Tu sais celui qui est parti tellement tu le dégoûtais. Je ne pensais pas que vous osiez faire ça en plein jour, c’est dégueu ! En plus t’as cru qu’il était comme toi ou quoi ? N’importe qu...
- Arrête ton débit d’âneries, ça me brise les ovaires. »
Un silence d’un instant le temps qu’ils digèrent mes paroles.
Puis je reprends.
« Qui crois-tu être ? Penses-tu posséder plus d’importance qu’un autre ? Tes propos traduisant une évidente homophobie injustifiée dévoilent au grand jour l’étendue de ton ignorance. D’où te permets-tu de juger les autres ? Surtout quand tu n’es capable que d’amuser ta galerie de chimpanzés en essayant de rabaisser ce garçon, ici présent, qui est mille fois plus évolué que toi dans tous les domaines !
 - N’exagère pas... murmura-t-il, tout de même touché.
 - Pfff ! Écou...commença l’olibrius avec ce ton malpropre.
- Je ne crois pas t’avoir autorisé à ouvrir ta gueule pour m’interrompre, le chien, dis-je d’un ton sec, donc tu la refermes le temps que j’explique à mon camarade qu’il est impossible à quelqu’un de ta trempe d’arriver ne serait-ce qu’à ses chevilles !
 - Répète un peu pour voir !
 - À quoi bon répéter quand on sait tout deux que tu as très bien entendu ? Je vais plutôt développer. Pourquoi chien ? Car tu n’es qu’un clébard qui aboie pour attirer le regard des êtres qui l’entourent, non pas sur sa misère, mais sur l’imbécile violence qui sert à la cacher.
Pourquoi tu n’arriveras jamais à ses chevilles ? Et bien à part s’il descend à ton niveau pour se moquer des hétérosexuels et dénigrer leurs sentiments comme tu l’as fait avec son amour je ne pense pas que tu atteignes un jour son niveau.
 - Si tu me parles encore comme ça fille ou pas je te URFFF !! »
Déstabilisé par mon coup dans la mâchoire auquel il ne s’attendait pas, il tomba à la renverse.
« Je sature de paroles et je préfère les actes aux menaces. »
Tout son groupe fit un mouvement avant qui se transforma en fuite quand le barbare blond déploya sa masse dans mon dos accompagné par la fougueuse orientale qui lançait des regards remplis d’un tel dédain qu’on les aurait crus capables de tuer.
Notre gentilhomme malmené, quant à lui, prit mon petit poing encore serré qui s’était mis à saigner sous la force de la collision. Il le banda comme il put avec un mouchoir avant de le déplier avec ses longs doigts.
« Merci, dit-il, c’est fini. Maintenant on se calme, c’est inutile de gâcher plus de temps, de souffle et de sang pour ça. »
Notre dernière heure de cours arrivait.

Après une heure plutôt ennuyeuse, je quittai mes amis en les embrassant chacun leur tour et me fit serrer particulièrement intensément par notre nouvel ami, lié à nous par les événements de l’après-midi.
« Merci
 - Je n’ai rien fait. »
Chacun partit de son côté, les amoureux ensemble, souriant.
D’un pas léger je choisis de partir chez le psy sous les accords folk du groupe Omnia en commençant par Free. Autant passer un bon moment avant d’y arriver.
Chassant l’image de son cabinet de mon esprit je me mis à chanter en pleine rue, dansant presque sous les yeux étonnés ou amusés des passants qui m’acceptaient dans leur champ de vision.
Riant comme eux de mon attitude j’adressais mon plus beau sourire au monde.
C’était tellement agréable.
Et si court.

Changement de registre. Bienvenue chez une personne payée inutilement par ma mère pour me faire croire que je suis mal dans ma peau. Gaspillage de l’amour d’une mère trop protectrice mais, ô combien adorable. Donc on y va pour lui faire plaisir.
« Assieds-toi. As-tu encore vomi aujourd’hui ?
 - Bonjour ! Moi ça va, et vous ?
 - Bonjour, me lança-t-elle aussi enjouée qu’une statue grecque
 - Ma robe ? Je ne sais plus où je l’ai achetée, elle est charmante n’est-ce pas ? Et terriblement pratique en plus de ça, répliquai-je avec enthousiasme.
 - Absolument ravissante.
- Vous ne l’avez même pas regardée !
 - Bon ça suffit ! Et ne me regarde pas avec cet air faussement contrit. »
J’imagine que tu préfères mon regard haineux, non ? Mais je ne vais pas m’abaisser à ce niveau-là. Tu n’auras pas le plaisir d’aller raconter des salades sur ma santé mentale à ma mère. "Je pense que votre fille fait face à un rejet de son corps ce qui conduit à une boulimie grave pour sa santé. Mais cela provoque aussi un rejet de la société qui l’entoure ce qui s’illustre par des accès de violence. Saviez-vous qu’elle a frappé un élève de son école ? Je ne sais pas s’il faut accorder beaucoup de crédit aux excuses qu’elle vous a données... Et puis même si c’était vrai le dialogue est toujours plus utile que la violence ! Je lui prescris donc des antidépresseurs, croyez-moi elle en a besoin vous me remercierez plus tard, mais il faut tout de même qu’elle continue ses séances."
« Te rends-tu compte que ton refus de te confier nous fait juste perdre du temps ? me dit-elle, me sortant de mes pensées.
 - Je perds du temps, vous gagnez de l’argent, dirent mes lèvres avant que je n’y pense.
- Je ne suis pas là pour débattre avec toi de l’insolence de ta phrases, articula-t-elle le plus calmement possible après un regard offusqué, mais pour voir ce qui ne va pas avec toi
- Mais tout va bien !
- Tu penses que ton corps va bien ? T’aimes-tu telle que tu es ? »
Ne pas répondre trop rapidement. Si je dis oui elle en conclura que j’aime ma maigreur et si je dis non elle dira que c’est pour ça que je vomis.
« J’aime mon corps comme il est car... je cherchais mes mots, car je m’aime profondément moi-même. Cela pourrait s’apparenter à du narcissisme mais ce n’est en vérité qu’un attachement profond envers la personne que je suis devenue au fil du temps. Certes je me désole du délabrement récent de mon corps mais je ne peux qu’espérer que, comme d’un poison dont on se purge, mon corps se débarrasse de ce mal insidieux causé probablement par quelques peurs au sein de mon âme.
 -...
 -...
- Je dois dire que je suis impressionnée, c’est de l’impro ou tu as révisé avant ? Je penche pour la deuxième option vu la richesse du vocabulaire.
- Parce que vous pensez que personne ne peut parler avec un tel vocabulaire bien sûr ? dis-je comme si ce n’était pas moi, je me sentais vide. Non c’est vrai que c’est absurde, surtout à mon âge... »
Elle commença à déblatérer des phrases toutes faites, sans queue ni tête, des lombrics cherchant à rentrer dans mes oreilles pour grignoter mon cerveau et ne laisser que le vide du bonheur sans joies.
Je me lève. Je vois ses yeux s’affoler mais les lombrics continuent de ramper partout dans la pièce saturant l’atmosphère. Je ressens la scène comme un spectateur. Non, plutôt comme un marionnettiste. Il faut continuer la pièce, le rideau ne se fermera que lorsque la fillette en robe sortira de la salle. Mais elle ne peut partir sans un mot d’adieu...
Elle se tut, toujours paniquée, cela devait faire un moment qu’elle parlait. Le silence s’appesantit tandis qu’elle tentait de garder ses yeux dans les miens.
« On dit que le silence est d’or, dis-je alors qu’elle tressaillit, mais je me vois dans l’obligation de le briser pour vous dire que la séance est terminée, je vais donc me retirer, ajoutais-je en lui tendant la main qu’elle saisit machinalement. Merci bien de m’avoir, une fois de plus, fait perdre mon temps. À la prochaine fois madame, ce fut un plaisir. »
Puis je déguerpis sans prendre la peine d’attendre sa réplique.

Le temps se rafraîchit alors que mon humeur bouillonne. Je me repasse en boucle ce qui s’est passé, riant et rageant face à mes actions. Quelle bêtise d’avoir accepté d’y aller ! Cette femme m’insupporte, elle me pourrit mes fins de journée. Quoiqu’aujourd’hui tout ait été plus ou moins pénible.
Le bruit de la masse attendant le métro me fit grimacer et en deux temps, trois mouvements je fus englobée par l’intro de J’veux du nucléaire de Damien Saez.
Saez, toujours là quand je pense à la condition de l’Homme et ses pires côtés qui sont décidément plus voyants, si ce n’est plus nombreux, que les bons.
Avançant dans le compartiment le plus proche je promène mon regard sur mes semblables. Est-ce vrai ? Sont-ils et pensent-ils comme je le suis et le fais ?
Ils paraissent tellement étranges, des animaux autodestructeurs, cherchant de l’aide mais refusant d’en donner. Certes l’amour est beau, la joie et la tristesse sont toutes les deux attendrissantes de bien des manières et quand elle veut l’humanité est magnifique. Mais cela peut-il pardonner le reste ? L’égoïsme et l’hypocrisie qui laissent tant de monde dans une misère qui les traîne dans la mort et l’oubli ? L’ignorance et la violence qui en découle ? L’intolérance et les massacres constants ? Toute cette haine animale qui modèle le monde, à son image peut-on vraiment la pardonner car l’être humain a tout de même de bons cotés ? Je ne pense pas. Et je ne le pardonne pas...
Le ton change et le groupe Sparzanza se déchaîne sur Devil’s Rain. Fermant les yeux je me laisse entraîner mais les rouvre bien vite au refrain. Bien que le reste de la chanson n’ait pas tellement de lien avec mon débat intérieur, les deux premières phrases du refrain m’ont interpellée : "This time you have gone too far/ Who the hell do you think you are ?"
Moi qui me permets de juger cette humanité dont je fais partie qui suis-je ? Me pensé-je donc si spéciale, si parfaite pour condamner toute une race sans en connaître la totalité des composants ? Ou ai-je au moins une majorité de qualités pour oser parler des défauts chez les autres ? Je suis tout aussi égoïste, ignorante, hypocrite et haineuse...

Je sors, des nuages s’amoncellent dans le ciel qui devient peu à peu un mélange troublant de gris, de noirs et de bleus presque violets. Je rentre chez moi sans me presser, envahie d’un calme soudain. Arrivée chez moi je décide de prendre une douche rapide histoire de me revigorer un peu. Installant mon baladeur sur les enceintes je mets Seven seas de Rastaban avant d’ouvrir l’eau froide et de la laisser couler sur moi jusqu’à ce que la musique finisse et laisse place aux violons de Rage of Poseidon d’Apocayptica.
« On reste sur le thème de l’eau, murmurais-je pour moi-même. »
Me séchant rapidement je réenfile mes vêtements puis décide finalement d’enlever la robe et de mettre mon T-shirt de pyjama. Je vais ensuite chercher un jus de fruit avant de m’installer devant l’ordinateur et me connecte à Facebook. Déception, ma tendre et belle n’est pas encore connectée. Parcourant le fil d’actualité sans y prêter véritable attention mon regard se pose sur une image criant en lettres capitales : « CEUX QUI SOURIENT LE PLUS SONT CEUX QUI SOUFFRENT LE PLUS ET ONT LE PLUS DE PEINE ». Ne pouvant me retenir face à cette stupidité mes doigts filent vers le clavier : "Vu comment tu souris souvent tu dois être terriblement heureuse !"
Je continue de regarder et tombe sur un post encore pire mais qui présente tout de même un vocabulaire et une orthographe agréable à lire comparé à ce que l’on peut trouver habituellement : "Statut visé à celui qui prétend que mon pote trompe sa copine et lui casse du sucre sur le dos ; mec t’as intérêt à te cacher parce que si je te retrouve tu ne t’en sortiras pas indemne. On ne s’en prend pas à mes amis sans…" Blablabla j’avais compris le message et mes doigts étaient déjà en action alors que sonnait une notification.
"Ce ne sont pas mes affaires mais je suis tout de même curieuse, qu’attends-tu de ce statut ?
Des excuses ? Penses-tu vraiment que celui qui a répandu ces rumeurs sur ton ami va avoir peur en lisant ? On peut même se demander s’il va le lire…
Que tout le monde voit que t’es un ami sur qui on peut compter ? T’es obligé de faire ça pour que les gens s’en rendent compte ? C’est triste. "
Regardant la notification je vois que c’est une réaction de notre pseudo dépressive, qu’a-t-elle choisi comme contre-attaque ? Les pleurs, la dérision ?
"Tu peux parler ! " La gaminerie, j’aurais dû le voir venir.
"Je n’ai jamais prétendu être malheureuse"
Le bruit de la notification me signale qu’un ami du protecteur m’a répondu.
"Tu cherches la merde ?? " Que de grossièreté face à une petite pique.
"Non des réponses ^^" (Oui il va prendre le smiley comme une provocation mais cela m’énerve tant de bêtises)
"Ça ne te ressemble pas d’être comme ça…" Alors là c’est lui qui m’énerve.
"Je ne savais pas qu’on se connaissait autant, je t’ai vue 4, 5 fois ? Et pas plus d’une heure ou deux à chaque fois donc je ne pense pas que tu puisses dire ce qui me ressemble ou pas. "
Notification, retour à la petite martyrisée.
"Je t’ai fait qqch de mal ? Pourquoi tu t’acharnes sur moi ? "
"J’ai fait une remarque et ça y est tu te penses au centre du monde ? Faut se calmer. "
On repasse sur le protecteur qui, cette fois ci, a répondu !
"Je n’ai pas vraiment réfléchi en écrivant, j’étais juste énervé et j’avais besoin d’extérioriser ^^’ c’est vrai que maintenant que je le relis c’est assez ridicule. " Je ne m’y attendais pas à celle-là…
Après un petit moment de réflexion je réponds : "C’est vrai que c’est très constructif d’extérioriser sur les réseaux sociaux, une preuve d’intelligence. Je plains ton clavier si t’arrives à te calmer en tapant ce genre de message. "
Il passe direct en privé. "Hey miss, ça va ? Je ne vais pas dire que je te connais super bien même si on se connait depuis un moment mais c’est bien la première fois que je te vois mettre tant d’énergie face à un post que tu trouves ridicule…" Mais ils s’y mettent tous ma parole !
"Autant d’énergie ?! Ça y est j’écris 5 lignes c’est la fin du monde, appelez les ambulances elle va tomber dans le coma ! "
"C’est pas ce que je voulais dire ! " Pas la peine de répondre à ça.
Que fait l’autre pleurnicharde ? Ô mon dieu elle m’a écrit un pavé larmoyant.
"Pas le courage de lire le récit de ta vie. Je faisais juste une remarque, le reste ne m’intéresse pas. "
Je continue mon voyage dans la terre des imbéciles, repensant à mon monologue intérieur du métro. Je ne suis certainement pas parfaite mais je ne suis tout de même pas un cas désespérer à ce point !
J’explose.
Je repense à la psy et je revois les têtes de la bande du parc, je jette tout par terre.
Je vois le monde dans son horreur et je me vois, je crie en chœur avec le chanteur de Three Days Grace sur Animal I have become.

La musique change.
Je me concentre sur elle pour stopper cet accès de rage.

Stairways to heaven de Led Zepplin. Les escaliers du paradis... J’ouvre la fenêtre regardant le vide au bout de mes orteils.

Je fais un pas. Je me sens tomber, n’osant ouvrir les yeux, appréciant le souffle violent du vent. J’ouvre les yeux. Juste le temps de voir des lumières et un défilé de couleurs puis choc, du rouge, de la souffrance. Mon crâne s’écrase et se brise. Pas de mort rapide je vis tout au ralenti. Enfin tout s’arrête.
Les gens sont choqués.
« Ne regarde pas. »
Dans un journal de la ville ils écriront dans une petite rubrique "Jeune dépressive anorexique se suicide" citant mon allure cadavérique dans ma chemise trop grande et mes nombreux rendez-vous chez le psy.
« Quel gâchis ces jeunes qui se suppriment ainsi. »
Les étudiants parleront de la musique que j’écoutais et de mon attitude.
« Elle ne pouvait que finir mal »
Ceux qui seront tristes, ceux qui n’avoueront pas que ça leur va bien, ceux qui s’en foutront, ceux qui ne le sauront pas. Tous ces gens-là je ne les reverrais pas.
« Adieu. »
Retour à ma fenêtre j’éclate de rire, sortant de ma vision. Non ce n’est pas mon genre de faire quelque chose d’aussi ridicule. Je me mépriserais d’exécuter une action aussi risible.
Je glisse et m’assoie en continuant de rire doucement puis m’installe confortablement sur le rebord. Je ferme les yeux.
« Ça ne te ressemble décidément pas. »
Un ukulélé et une douce voix. J’ouvre les yeux. Somewhere over the rainbow.
Bercée par la musique je regarde dehors en direction du lampadaire en bas de mon immeuble. Il capte mon attention. À moins que ce ne soit sa lumière. Non c’est ce qui danse devant ce projecteur. La bruine qui ne s’est pas arrêtée. Elle valse doucement, guidée par ce brillant partenaire qu’est le vent. Elle danse. Tel le serpent au bout du bâton. Allant. Venant. Brusque descente et douce remontée. Rafraîchissante, ébouriffante, tendre et brûlante comme les larmes. Mes larmes que je ne sentais pas couler.
Crayon et papier jaillissent à mon côté.
Tout d’un coup ça te prend
Te mettant à genoux
L’horreur naissant
Te rend complètement fou

Point d’agréable pour toi
De tes cris ne naîtra pas le plaisir
Jeter ton corps du haut d’un toit
N’exaucera point tes désirs

Écorche donc ton visage
Par toutes ces vaines larmes
Loin de te rendre hommage
Elles prouvent que tu as rendu les armes

Et pourtant, malgré tout, tu t’entêtes
Dans ce cri qui te déchire les entrailles
Penses-tu vraiment que cela le vaille ?
L’espoir peut-il calmer cette tempête ?

Après ça je pleure doucement, je dois être vraiment fatiguée. Sweet Lord de Harrison. J’ai bien failli te rejoindre "My Lord" alors que je ne suis pas pressée du tout, contrairement à ce cher George.

Remettant mes affaires en place je me réinstalle derrière mon écran.
D’abord je réponds au protecteur qui continuait à s’inquiéter dans son coin.
"Ne t’inquiète pas, je t’ai critiqué parce que tu t’es défoulé sur le net alors que c’est ce que je suis en train de faire ; désolée. "
"Pas grave, ça arrive à tout le monde" Réponse rapide, il s’est vraiment inquiété. Trop aimable.
"Ça te dit un café samedi ? " Non seulement il ne m’a pas laissé le temps de répondre et en plus il me surprend encore une fois !
"Oui, pourquoi pas ^^"
Puis je décide de continuer d’ignorer la geignarde.
Soudain une autre fenêtre de messages s’ouvre.
"Hello chérie ! Alors on décide de jouer les trouble fête ? ;) " Ma douce, ma tendre, mon amoureuse, enfin !
"Coucou sweetheart =D haha on va dire ça comme ça, j’ai eu un ras le bol de conneries"
"Faut pas venir sur le net dans ce cas x) "
"Comment te contacter sinon ? Vu que tu ne réponds pas à mes lettres et que tu perds constamment ton portable ? "
" Je suis tête en l’air j’oublie toujours d’envoyer les réponses, du coup elles traînent dans l’appart’ et je les perds u_u"
"Tête de linotte va ! Comment je fais pour t’aimer autant ? "
"Je t’ai jeté un sort tu crois quoi ! "
"J’en étais sûre ! Tu as enchanté mon cœur ! "
"Ça ne t’empêche pas d’aller voir ailleurs parfois :P "
"C’est un coup bas ! Tu sais bien que c’est toi que j’aime. Certes je visite le lit d’autres pour dire ça joliment mais cela ne signifie pas que j’en aime d’autres comme je t’aime <3 (et puis ose me dire que tu ne le fais pas)"
"Je sais j’aime juste te le faire répéter encore et encore, je t’aime aussi mon ange ! (je ne vais pas m’y risquer, je sors beaucoup trop en soirée pour pouvoir le dire sans mentir X) "

Après avoir parlé longtemps avec mon amour et le protecteur (décidément ce surnom lui va bien), je cours me jeter dans mon lit. J’attrape mes écouteurs et, mettant mon baladeur à charger, je prends mon portable et choisis une playlist au hasard qui débute avec Between Angels and Insects de Papa Roach. Puis je programme le portable pour que le lecteur s’arrête dans une heure.
Il me faut absolument de la musique pour accepter l’étreinte de Morphée, mêmes si certains jugeront ces chansons loin des mélodies apaisantes. Mais c’est cela que j’aime, l’énergie et les paroles de ces musiques ont un effet cathartique sur moi. Et puis quand je suis fatiguée elles se fondent dans un bruit de fond plus agréable que les bruits de moteurs. D’ailleurs elle a changé pour Awake and Alive de Skillet. Alors "Awake" je ne préférerais pas mais pour "Alive" il n’y a pas de problème. Je sens mon corps frémir violemment alors que je repense au bord de la fenêtre.
Je change de chanson.
Somewhere I Belong de Linkin Park.Je me réinstalle et trouve enfin LA position confortable.
Bâillant de bonheur, mon rêve me revient à l’esprit et l’idée me vient que si ça se trouve le détenteur du sabre n’était autre que moi.« Manquerait plus que je sois schizophrène… » me dis-je alors que Morphée se glisse doucement à mes cotés. Dans un dernier éclair de lucidité j’entends le groupe Scorpions jouant The Best is Yet to Come.
Je souris en pensant à quel point c’est vrai, demain sera un autre jour.