Par : Mathilde
Publié : 15 octobre 2014
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Man Ray à nu

La carrière surréaliste de Man Ray a débuté en 1921 quand il arriva à Paris.
En nous basant sur le site : http://www.manray-photo.com/catalog/index.php, nous avons établi que sur environ 1358 clichés qu’il a pu prendre, 3% sont des paysages, 8.2% sont des autoportraits, 8.6% sont des photos de mode, 13.8% sont des hommes et 26.5% sont des femmes. Nous remarquons que la part de femmes photographiées est largement supérieure aux autres catégories.

Ainsi, parmi les clichés de femmes et les clichés d’hommes, 24.3% sont des nus (représentant en particulier des femmes).

Le nu étant nettement l’un des plus importants thèmes des photographies de Man Ray, il est donc pertinent de nous y intéresser, d’autant plus que dans le recueil que nous étudions : Les Mains Libres, ils représentent environ 1/3 des dessins de Man Ray.

D’un Surréaliste à l’autre, les femmes sont source d’inspiration, muse pour l’un ou femme-objet pour l’autre, comme c’est le cas pour Man Ray.

Man Ray traitait le corps de la femme avec la même curiosité, avec la même froideur qu’un cristal ou une porcelaine.

Man Ray débute les nus avec la danseuse de cabaret Kiki de Montparnasse dont il tombe follement amoureux à son arrivée à Paris. L’image de loin la plus connue de la danseuse réalisée par notre artiste est le "Violon d’Ingres" représentant Kiki nue, de dos, un turban autour de la tête et les ouïes d’un violon dessiné au-dessus des hanches, la femme devenant alors réellement objet. Nous pouvons retrouver cette photographie dans de nombreux articles du Blog concernant Man Ray et la photographie.


La photographie ci-dessus est l’un des premiers nus de Kiki daté de 1922.

Man Ray à également énormément photographié Lee Miller (qui a été pendant un temps sa compagne).
Cette photographie a été prise en 1930.

Notons que dans les deux photographies précédentes, les femmes portent leurs mains à leurs cheveux, position qui semble récurrente parmi les poses des modèles de Man Ray.

L’image ci-dessous représente Nusch Eluard, la femme de Paul Eluard. Cette photographie apparaît dans le recueil Facile paru en 1935, annonçant la prochaine collaboration de Man Ray et d’Eluard dans le recueil Les Mains Libres.
Dans cette photographie Man Ray semble avoir gommé toutes les imperfections du corps de la femme. Le corps de Nush fait l’angle du cadre ainsi on ne voit que la moitié de sa bouche, et nous ne voyons ni le bas de ses jambes, ni ses bras, ni ses fesses. L’ombre autour du corps semble l’envelopper.

 

"Chevelure" est le titre de l’image suivante ; elle a été prise en 1937.
Cette image est extrêmement intéressante, car elle met en évidence l’importance de la chevelure des femmes dans les photographies et elle nous permet de faire le lien avec notre recueil de poésie : elle nous rappelle le frontispice, "Le Don", "Burlesque", "Belle Main", "La Liberté"et "La Plage" avec la longue chevelure et "Le Don", "La Liberté" et un peu "Le temps qu’il faisait le 14 Mars" avec la tête rejetée vers l’arrière et la cambrure du corps.
En effet, la plupart des dessins de Man Ray viennent, en fait, de ses photographies.

Pour finir, remarquons que dans toutes ces photographies en noir et blanc, Man Ray joue avec les contrastes, les ombres, les lumières pour mettre en valeur le corps des femmes.