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Par : Pauline
Publié : 29 septembre 2014
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Le Magny, ou comment redécouvrir la poésie

Reportage et impressions de ma journée au Salon

Vous en avez déjà entendu parler en classe et la poésie, ça ne vous plaît pas. Apollinaire, Baudelaire, Aragon, Rimbaud, Du Bellay, autant de noms de poètes qui ne vous font que détester la poésie.
Eh bien, laissez-moi vous dire que le salon de la poésie du Magny est fait pour vous ! Même s’il s’est déroulé le week-end dernier, cela pourrait vous donner des idées pour planifier une sortie l’an prochain. Cette fois-ci plus d’excuse, vous serez informés !

Finis les souvenirs poussiéreux d’une poésie incompréhensible, sérieuse et dont les poètes sont morts et enterrés. La poésie vit, oui oui ! Et les poètes aussi.

Voici comment j’ai découvert la poésie d’aujourd’hui à travers ce reportage de ma journée au salon...

J’ai d’abord commencé l’après-midi avec la prestation de Cécile Richard, poète et plasticienne, en résidence au Magny, que nous aurons d’ailleurs le privilège de recevoir en classe afin d’avoir plus de précisions sur son travail.

La voici qui monte sur scène. Un micro, une sorte de haut-parleur et un sac à sacs à ses pieds sont là pour l’accompagner.

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Les chroniques animales, c’est le titre de son poème.

Face à nous, elle se lance et se compare à des animaux dont le destin est presque toujours tragique : un oiseau qui cherche une cachette pour mourir dignement, un loup qui mourra avant d’avoir avoué sa flamme, un crapaud écrasé sur la route sous les roues d’une voiture...

Le côté dramatique est renforcé par sa mise en scène : elle vit le texte, parle vite et s’essouffle. Les mots percutent dans sa bouche, résonnent ; elle prononce tout, toutes les syllabes, insiste. Elle ose. Après chaque destin évoqué, elle pousse un cri d’effroi dans son petit haut- parleur. Peut-être veut-elle défendre la cause animale et dénoncer la bêtise humaine ? Peut-être veut-elle dénoncer l’absurdité de la vie ?

Elle s’exprime également avec son corps qu’elle couvre de sacs plastique au fur et à mesure qu’elle avance dans le texte. Surprenant !

Que représentent ces sacs plastique ? Pour moi, ces sacs pourraient représenter la menace qui pèse sur les animaux. En tout cas, ils évoquent un fardeau, quelque chose qui l’encombre, qui la gêne. On sent qu’elle en est prisonnière, qu’ils l’étouffent, la serrent, la mettent mal à l’aise... Cela pourrait donc représenter la souffrance animale, peu prise en compte par les Hommes. D’ailleurs, le poème est énoncé à la première personne, ce qui « humanise » l’animal, et qui le dote donc, d’une conscience. Il a autant conscience de sa mort que nous de la nôtre, nous serions donc bêtes de les considérer comme « inférieurs » .

« Je suis un humain humain, parmi les êtres vivants, vivants et morts, plusieurs fois avant de mourir vraiment. » Voilà sa dernière phrase.
Selon moi, cela veut dire que chacun a le droit à l’erreur, comme lorsqu’on laisse un animal mourir dans d’atroces conditions ; qu’on peut vivre des moments difficiles, passer par des phases compliquées (« morts plusieurs fois ») autant que par des phases heureuses et remplies de joie (« vivants »). C’est l’histoire de la vie.

Malgré le tragique de son poème, quelques notes d’humour sont présentes, tout précisément quand elle pousse le tragique trop loin, justement. Par exemple, ce crapaud qui vient de se faire écraser par une voiture et qui va servir de proie pour un oiseau, qui va gonfler, gonfler, jusqu’à exploser.

Sa prestation sort de l’ordinaire et je n’ai pas d’explications évidentes, juste des suppositions.


Après avoir fait quelques tours dans les allées des stands des éditeurs et des poètes présents au salon, j’assiste à la seconde conférence, différente, mais dont il fallait absolument que je vous parle, ne serait-ce qu’un petit peu !
Très rapidement alors : il s’agissait d’une lecture du livre Moisson de Charles Juliet, beaucoup moins surprenante mais tout aussi passionnante puisqu’elle évoquait l’enfance bouleversante de ce Monsieur et comment il a utilisé la poésie comme outil de guérison. J’en retiens une phrase « Je voulais dire ce qu’il m’était arrivé, je voulais écrire, mais je n’y arrivait pas, je ne pouvais pas. » Il écrit alors quelques notes, sombres, tristes, suite à la disparition de sa mère quand il était jeune. Poignant, émouvant, touchant, on sentait ses blessures à travers ses textes. 


Place maintenant au dernier spectacle, qui a lieu en fin de journée avec toute la troupe du Cabaret des poètes.

Des poèmes en musique, pour ceux qui ne seraient toujours pas convaincus !

L’intonation, les instruments, leurs jeux, la mise en scène, tout est fait pour vous captiver. Ils jouent les poèmes, les mettent en scène.


Ainsi, parmi tant d’autres, nous avons eu le droit à La Victoire ou Obus d’Apollinaire, ou au Mot de Victor Hugo. Très drôlse, ils ont également interprété la réponse au poème L’amoureuse d’Eluard, réponse écrite par un poète contemporain, Verheggen (Réponse à l’amoureuse de Paul Eluard)

C’est vraiment LE spectacle que je vous conseille de ne pas rater au Salon de la Poésie.

Passons sur le fait que les conférences sont géniales et nous font découvrir de nouvelles pratiques poétiques, le Cabaret des Poètes nous donne un nouveau regard sur la poésie.

Et quelle est la poésie d’aujourd’hui ?

Je dirais que c’est celle qui mêle l’art plastique à l’écriture, le beau au moins beau, le corps parfois même est utilisé. Celle où l’on peut s’exprimer, l’écrire pour la chanter, ou la gueuler ; eh oui, elle ne mâche pas non plus ses mots la nouvelle poésie. Tout (ou presque) est autorisé ! C’est celle qui n’a, plus que jamais, aucune limite, ni esthétique ni morale, encore moins qu’avant. Il est permis d’utiliser tout support, de créer son propre style, ses propres mots, d’inventer son art.

A vos plumes !

Alors, la poésie, ça te tente ?

 

 

 

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