Jeanne Champagne et ses comédiens nous ont offert une très belle performance. L’angoisse et le stress d’une première ne se sont pas ressentis. Les acteurs ont interprété avec sincérité leur rôle et nous ont communiqué beaucoup d’émotion.
A travers ce spectacle, on découvre l’enfance indochinoise de Marguerite Duras.
Comment ne pas se prendre au jeu des acteurs qui arrivent à mêler les joies et les malheurs de leurs personnages, leur désir de partir et l’impossibilité de quitter la concession ?
Cette adaptation théâtrale du roman autobiographique de Marguerite Duras Un Barrage contre le Pacifique est tout simplement un chef d’oeuvre.
une enfance libre et un peu triste, mais surtout très miséreuse, dans l’Indochine française des années 30 : la mère des deux enfants a été trompée lors de l’achat de sa concession, et a acheté une terre incultivable, car inondée par le Pacifique.
Dès le début de la pièce , avant même que les acteurs n’apparaissent en scène,
jouée à l’acordéon par Suzanne (Agathe Molière), toujours dans le noir, se fait entendre .
Cette ritournelle sert de fil conducteur au spectacle ;
elle est omnipresente : elle fait resurgir les souvenirs .
Chaque élément représente une partie de la vie des personnages, un objet précieux, voire crucial pour le déroulement de la pièce.
Côté jardin , le passé est symbolisé par un piano, et un tableau noir : le piano des débuts de "la Mère", comme dit Suzanne, à l’Eden Cinéma comme pianiste, le tableau noir de sa carrière d’institutrice à l’école de Gia Dinh
Côté cour , le présent est représenté par une valise et un micro (utilisé uniquement par Suzanne).
Entre les deux se trouve la "cabane-maison" des personnages, le bungalow de la concession, dans les rizières.
Les enfants courent pieds nus, dans le sable blanc répandu sur le plateau, entre présent et passé, se remémorant leur vie.
Au début, tout est sombre, alors que la lumière croît progressivement sur Suzanne, comme on lève le voile sur les souvenirs.
Plus tard, quand Suzanne raconte son épopée à travers la ville, seule, elle se trouve dans un cercle de lumière ; seule, comme lorsqu’elle est perdue dans la ville, suite au semi-abandon de sa mère, qui tente de la prostituer afin de construire un barrage contre le Pacifique qui inonde ses terres, projet insensé.
Le rôle de cette mère folle et courageuse ne pouvait être donné qu’à Tania Torrens, qui joue ce personnage avec intensité.
Les enfants, Suzanne et Joseph (Sébastien Accard), veulent abandonner la concession de leur mère, fuir ses difficultés, sa misère ; ils veulent profiter de la vie.
La clé de cette liberté, c’est l’argent que M. Jo, riche commerçant, donnera peut-être à la famille.
Dès que nous le voyons entrer en scène, nous avons l’impression qu’il vient d’un autre monde, car il apparaît élégant dans son magnifique costume blanc, et le diamant qui brille à sa main symbolise la liberté pour Suzanne, et pour "la Mère", l’argent nécessaire pour la construction du barrage.
Mais il nous procure moins d’émotion que la pièce ; il nous laisse à notre simple place de spectateur, alors que la pièce nous fait participer grâce aux personnages qui s’adressent directement à nous.
Le spectacle nous est présenté et raconté par Suzanne elle-même.
Un lien fort se crée alors entre les personnages et les spectateurs. On ressent de la compassion pour cette famille qui a traversé une vie semée de difficultés.
Cette première au théâtre Equinoxe nous a éblouis par une maîtrise totale.
Nous vous recommandons sincèrement d’aller voir L’EDEN CINEMA pour vous laisser submerger par l’émotion que communique cette merveille théâtrale.
Merci à Pauline, Camille, Romain, Alexandre, Pierre et Thibault, les auteurs de l’article.
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Dernière mise à jour : lundi 24 janvier 2022