Stéphane Hessel
Un livre écrit par Stéphane Hessel. Pour faire bref, tout en démontrant son influence sur le monde actuel, je commencerai par vous dire que cet homme est âgé de 94 ans. On le connait pour son engagement prononcé pour les Droits de l’Homme en général, et sa participation à la rédaction de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen n’y est pas étrangère. Une position qu’il n’a jamais contredite tout au long de son existence.
Il entra dans les Forces Françaises Libres en 1941, s’indignant auprès de De Gaulle à Londres contre le nazisme. Il fut aussi, entre autres, Ambassadeur de France, Commandeur de la Légion d’Honneur et diplomé de l’Ecole Normale Supérieure d’Ulm. Rien que ça ! je pense que vous serez d’accord si j’estime que cet homme est peut-être la plus grande figure française encore en vie, représentant à lui seul tous les enjeux du siècle dernier que sont l’opposition au fascisme et la défense des Droits de l’Homme. Né en 1917, monsieur Hessel est un homme recru d’épreuves et d’expériences, faisant de lui un critique légitime quand il s’agit de parler de notre époque actuelle dont il a vu l’origine et les transformations en tant que haut diplomate de la nation française. C’est du haut de ses 93 ans, qu’il rédige ce manifeste, mesurant la chance qu’il a d’exposer son point de vue à un âge si avancé.
"Les gouvernements, par définition, n’ont pas de conscience." Albert Camus.
En tant que socle de son manifeste, Stéphane Hessel expose le programme jadis élaboré par le Conseil Nationnal de la Résistance qui prône que l’intérêt général se doit de primer sur l’intérêt particulier ; le juste partage des richesses créées par le monde du travail doit lui aussi primer sur le pouvoir de l’argent. Il prend en exemple ce mouvement fort populaire de l’histoire française afin d’encourager l’indignation quant au monde actuel, véritable dictature financière, car pour lui, "Le motif de la Résistance, c’est l’indignation."
Mais, faisant preuve d’une grande lucidité, il reconnait que les motifs d’indignations étaient tout trouvés pendant la Résistance : le fascisme, et qu’il est plus difficile aujourd’hui de trouver une raison de s’indigner dans un système financier mondial qui nous dépasse. Qu’il dénonce au passage comme égoïste et insolent avec sa course à l’argent et ce trop fort pouvoir de l’argent, ne se préoccupant guère de l’intérêt général, si cher aux yeux d’un grand résistant comme lui.
Monsieur Hessel nous encourage : "Cherchez et vous trouverez !" Allant même jusqu’à recenser les motifs qui valent à eux seuls une indignation : l’immense écart qui existe entre les très pauvres et les très riches qui ne cesse de s’accroître, l’état de la planète, le traitement fait aux immigrés, aux sans papiers ; encore et toujours, les droits de l’homme bafoués. En effet, la pierre d’achoppement de ce manifeste réside dans les droits de l’homme.
De plus, dans un véritable rôle de prophète, il nous recommande même le moyen de cette indignation : "Il est évident que pour être efficace aujourd’hui, il faut agir en réseau, profiter de tous les moyens modernes de communication." Ce n’est pas sans rappeler l’origine des révolutions arabes de l’été 2011 (Indignez-vous : janvier 2011).
Le mouvement des Indignés.
Ce manifeste a été vendu à plus de 4 millions d’exemplaires dans 100 pays différents ; il est à l’origine du mouvement des indignés le plus populaire : celui de Wall Street, encore présent devant la Bourse américaine.
Mais c’est "l’appel du 15 mai 2011" en Espagne qui est à l’origine du mouvement. Le message de Stéphane Hessel est extrêmement bien passé : le mouvement s’est initié à travers les réseaux sociaux, il est pacifique et les revendications sont celles d’hommes aux droits bafoués, manifestant contre l’austérité, la corruption et le système économique et financier. Un mouvement sans précédent de par le nombre de personnes qu’il a rassemblé et par le fait que ce mouvement est radicalement populaire, il n’appartient à aucun syndicat.
Un mouvement qui, il est certain, n’a pas fini de faire son petit bonhomme de chemin avec les plans de rigueurs qui se multiplient à travers l’Union Européenne, et les pays comme la Grèce, au bord de la faillite. Un mouvement qui n’arrive guère à se faire entendre par les hauts représentants de la dictature du marché qui, eux, continuent de faire du bénéfice.
Monsieur Hessel préconise une "rupture radicale avec la fuite en avant du toujours plus dans le domaine financier" ; pour lui, "Il est grand temps que le souci d’éthique, de justice, d’équilibre durable devienne prévalent".
Comment ne pas être d’accord avec ces affirmations ? Pour ce faire, il faudrait renforcer ce mouvement d’indignation planétaire, et garder cette espérance si chère à ce vieil homme de 94 ans. (Voir son livre : Le Chemin de l’Espérance)
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