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Publié : 14 mai 2011
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Les poètes articulent et gesticulent ! (Pour reprendre les mots de Julien Blaine)

Vendredi après-midi, les classes de seconde qui ont participé à la visite des expositions au Prieuré du Magny, le 6 et le 12 mai, ont pu prolonger leur rencontre avec Julien Blaine et découvrir également Jacques Demarcq et Cécile Richard.

Les 1ere L se sont joints aux secondes.
Les performances des poètes pendant l’heure du déjeuner ont donné envie aux L de participer sur leur temps libre à la rencontre en salle polyvalente.

Les trois poètes ont lu-gazouillé-clamé-"performé"-chanté leurs textes humoristiques ou violents, inspirés des oiseaux ou de la vie quotidienne, porteurs de douleur, de douceur ou de révolte.

Julien Blaine lisant une conférence d’Antonin Artaud.

Julien Blaine et Jacques Demarcq.
Jacques Demarcq lit des poèmes de son recueil "Les Zozios".
Les oiseaux, traduits par Jacques Demarcq, parlent comme des poètes... les poètes chantent et sifflent comme des oiseaux.
Cécile Richard monte sur un chaise
pour dire un poème d’amour, plein de drôlerie, qui parle de douche et de dentifrice...et du goût du baiser du matin...
Puis Cécile Richard descend de la chaise...puis remonte sur la chaise...deux fois, cinq fois, dix fois...hachant et ponctuant du corps et du souffle son texte.
C’est au sens propre une "performance" physique !

Et pour finir, une chanson.

Après les performances, nous avons posé des questions à nos invités sur les poètes qu’ils ont aimé quand ils étaient au lycée.

Julien Blaine, nous n’en doutions pas depuis que nous avions découvert ses "âneries" au Magny, a aimé d’abord la poésie des poètes des animaux, La Fontaine, Apollinaire, Jules Renard.

Jacques Demarcq, lui, a eu en seconde la révélation de Verlaine , et Baudelaire. En première, encore Baudelaire, et Rimbaud. Puis les Surréalistes, Desnos d’abord... et les poètes étrangers. (Rappelons que Jacques Demarcq traduit E. E. Cummings, Gertrude Stein et Andrea Zanzotto.)

Cécile Richard, à la différence de ses aînés, n’a pas le souvenir des poètes lus au lycée, mais elle a aimé la poésie à travers la chanson, surtout Gainsbourg, Boris Vian et Bobby Lapointe.

Hommage à Apollinaire, par Jacques Demarcq dans Les Zozios (édition Nous, 2008).

l’apollinaire
zinziator zonans

Bestiaire autour d’Orphée l’étourneau te répond tel un malin

assez d’être ivre en des pitiés de gauche adroite
ô volubiles qui voudraient diriger des automates

résumé en oiseau ce siècle de progrès n’est qu’un conte en l’air
un avion se pose et voici qu’en descend le Saint-Père

la religion seule fait peau neuve en sa contagion
a des surplus pleins les cuisines du bourrichon

le monde à la télé résonne de millions de vieilles pies
v.i.p. ou pigeons qui prient épris de paix au prix

des dictateurs rapaces qui par Essor Total prospèrent
dans leur pays réduit à la trique nécessaire

est-ce le pain blanc qu’annonçaient les hirondelles
aux ibis disparus d’Égypte devenus des hôtels

entrez clients nos marabouts de fric vous ficellent des promesses
d’espèce plus sonnante que la psychanalyse ou la messe

il est bien des flamants qui se disent w’allons jusqu’à la Belgique
réchauffés par l’effet de serres du grand aigle Amérique

si soudain l’ongle Sam vers l’ONU pousse un cri
ils ont faim les petits faudrait leur envoyer du riz

débarque en Samolie une charivéritable armada
ça fait verser des armes aux courtisans d’Al-Qaïda

et toi phénix boucher qui premier te charcutes
saute avec la queue qui se presse dans l’autobus

sitôt ressuscitant des vocatios autour
tu renais pour descendre un deux avions chacun sa tour

aussi célèbre est l’oiseau Troc chez les anthropologues
contre un lot de roquettes une cargaison de drogue

quant à vous pihis longs qui bradez vos pantalons jean de Chine
une seule jambe suffira aux rescapés des champs de mines

mais voici apercevant très haut son adversaire la colombe
faut qu’on lui dit-elle calligramme une table ronde

l’oiseau-rire et les paons sur le cul l’acclament
sifflant des vers d’alcool pour vous fouetter le chant belles âmes

aigle ibis pie pihi pigeon hirondelle phénix
faucon pâtissent avec l’époque

marabout paon colombe rapace rire et Troc
se concrétinisent en humanisme

(Vous aurez reconnu une réécriture du début de Zone, poème liminaire du recueil Alcools d’Apollinaire, publié en 1913...et des allusions à à son Bestiaire ou Cortège d’Orphée et à ses Calligrammes .)

Pour finir, une phrase de Julien Blaine :

"La poésie, c’est vivant."