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Publié : 27 novembre 2016
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Margaux Monjal et Kayline Soubrier, du lycée Grandmont, ont composé à quatre mains un récit fantastique qui leur vaut le deuxième accessit

DEUXIEME ACCESSIT - UNE DISPUTE DE TROP
Margaux Monjal et Kayline Soubrier, élèves de seconde au Lycée Grandmont, Tours

Vingt heures et trente minutes, je suis en retard de quinze minutes, effectivement j’ai rendez-vous avec ma femme au restaurant pour notre anniversaire de mariage, cinq ans de vie commune. Je suis à deux rues, bloqué dans des bouchons suite à des travaux de rénovation. Enfin, je suis arrivé, j’ai trouvé une place pour garer ma corvette rouge près de l’entrée du restaurant, je sors de ma voiture, je rajuste ma cravate et prends un magique bouquet de fleurs composé de douze roses blanches, de six fleurs de lys avec de petites touches de vert pour harmoniser la composition florale ainsi qu’un délicat parfum. Je m’avance vers la porte d’un pas déterminé, j’ouvre la porte et rentre dans le magnifique bâtiment des années vingt entièrement rénové en un lieu très chic puis je balaye d’un regard furtif la salle en cherchant de vue mon épouse.
Elle est installée au fond à droite, à la troisième table de la rangée, elle est vêtue d’une somptueuse robe rouge, laissant paraître subtilement ses formes féminines. Je m’approche d’elle, dépose un délicat baiser sur ses lèvres légèrement rosées, puis je m’installe en face d’elle en la contemplant, elle est tellement ravissante avec sa peau joliment bronzée, ses beaux yeux verts, sa chevelure châtain ondulée. Après deux ou trois minutes où, littéralement envoûté par sa beauté, je remarque qu’elle est mécontente de mes trente-cinq minutes de retard mais heureusement que j’ai ce magnifique bouquet à lui offrir, je le lui tends et d’un coup, l’expression de son visage se métamorphose, elle arbore un joli sourire puis me regarde avec des yeux pétillants de bonheur.
Après que nous avons passé un moment très agréable autour d’un petit dîner, une violente dispute éclate entre Mayla et moi. Je décide de quitter le restaurant, en ignorant totalement les cris de ma femme : « Jonathan, reviens ! » Je sors, entre dans ma voiture et claque la portière de ma corvette, démarre ma voiture et prends la route telle une furie. Après avoir quitté la ville, je parcours plusieurs kilomètres de petites routes de campagne où un épais brouillard dominé l’obscure nuit puis c’est le néant total.
Le lendemain matin, je me réveille dans mon lit aux draps brodés de dentelle et à la fraiche odeur de lessive. Je me tourne pour prendre ma femme dans mes bras comme à mon habitude le matin, puis je découvre avec stupéfaction que mon épouse n’est plus dans notre lit. Etonné de son absence, je déporte mon regard sur le réveil posé sur la petite table de chevet près du lit, celui-ci affiche huit heures et quinze minutes. Je bondis de mon lit et cours dans la salle de bain pour m’habiller, après avoir fait un passage éclair dans mon vaste dressing pour y attraper une chemise blanche, une cravate noire, un caleçon, un jean sans oublier une paire de chaussettes. Après avoir coiffé ma chevelure brune récalcitrante, je me dirige vers la cuisine à vive allure pour y boire un verre de jus d’orange et un café corsé, puis je me dirige vers l’entrée de ma demeure pour y prendre mes clefs de voiture. Ne les trouvant pas, je regarde par la fenêtre du salon si ma corvette est toujours dans la cour puis je me rends compte que ma corvette a disparu ainsi que mon téléphone qui est normalement posé sur la table basse près du porte manteau, ce doit être Mayla qui a dû partir avec ma corvette et mon téléphone pour aller à son cabinet médical où elle occupe le poste de secrétaire.
Enfin, avant de partir pour aller travailler, je laisse un petit message sur le plan de travail en marbre de la cuisine pour qu’à son retour elle ait un tendre mot pour m’excuser de notre dispute de la veille. N’ayant pas trouvé les clés de ma Corvette, je suis contraint de prendre ma Maserati gris argenté. Puis je pars à mon travail où je suis chirurgien cardiaque dans l’un des meilleurs hôpitaux de Suisse, le HIRSLANDEN KLINIK spécialisé dans la cardiologie. Aujourd’hui j’ai une importante réunion concernant le sujet suivant « la greffe des cœurs artificiels » qui a lieu à neuf heures, sachant que l’hôpital se trouve à une vingtaine de minutes de chez moi. Je vais être en retard de plusieurs minutes et n’ayant pas mon téléphone, je ne peux pas prévenir mes internes ni mes infirmières. Il est neuf heures et quinze minutes lorsque je rentre dans le parking souterrain de l’hôpital spécialement réservé au personnel. Je gare ma voiture sur mon emplacement, je descends et accours vers l’entrée en direction du cinquième étage...
Une fois dans l’ascenseur, je reprends mon souffle, je commence l’ascension pour aller au cinquième étage quand soudain je ressens une mystérieuse et troublante sensation dans ma poitrine. Un léger frisson glacial me parcourt le corps tel un vent d’hiver. Ma respiration devient irrégulière et douloureuse, je sens une oppression se créer dans ma poitrine qui rend l’acte pénible. Je suffoque, je suis dépourvu de toute émotion, mes muscles se raidissent. Pendant un instant j’ai l’impression de divaguer entre deux mondes. Je me sens comme dans un océan. Perdu, seul à dériver dans des lieux inconnus et dans une eau glaciale. J’ai l’impression de sombrer comme un vieux navire dans un vaste océan, de sombrer dans des profondeurs obscures où seules les ténèbres règnent sur des lieux tourmentés de souffrance. Je n’entends que des lamentations, des hurlements de douleur, des cris, des pleurs… mais ça ne vient pas de moi. Dans cet océan, j’ai l’impression de voir des âmes tourbillonner autour de moi. Mon corps plonge en compagnie des défunts vers des abysses quand une sonnette retentit. J’ouvre les yeux et je vois les portes de l’ascenseur s’ouvre devant moi. Je me dirige précipitamment vers la salle où doit avoir lieu ma conférence.
J’arrive dans la salle de conférence, mais je me rends compte que la salle est vide, vide de toute vie, de toute expression comme si le néant régnait dans ces lieux, seule une légère brise de printemps subsiste dans la pénombre pour venir ensuite effleure mon visage d’une délicate caresse. Puis je sors à vive allure de cet endroit terrifiant pour ensuite arpenter les couloirs de l’hôpital à la recherche de réponses à mes questions, dans le but de descendre au troisième étage pour aller recueillir les précieuses informations qui m’aideront à élucider ce mystère. Mais suite à ma mésaventure de tout à l’heure, je décide d’emprunter les escaliers. Cela me permet également d’éviter tous les va-et-vient des médecins urgentistes, des infirmiers, des chirurgiens et les troupeaux d’internes en train de se chamailler pour pouvoir intervenir lors des opérations. Une fois arrivé, je m’avance d’un pas rythmé vers le bureau et salue Anastasia mais elle n’a aucune réaction à ma présence singulière. Elle doit être absorbée par la tonne de travail qu’elle doit effectuer et qui consiste tout simplement à gérer les allées et venues des médecins ainsi que les innombrables dossiers des patients. En effet l’hôpital a été submergé par les nombreuses interventions dues aux conditions météorologiques de ces dernières semaines qui ont provoqué énormément d’accidents de la route. Je décide d’aller jeter un coup d’œil au tableau des opérations à venir qui est situé juste en face de bureau d’Anastasia. Je dois participer à deux d’entre elles, or je suis stupéfait de découvrir que mon nom n’apparaît pas sur les panneaux comme si on l’avait éradiqué de la surface de la Terre. Puis par un regard maladroit, je fais une nouvelle découverte encore plus inquiétante en remarquant la date d’aujourd’hui qui est affichée que le panneau : « Samedi 13 Mars 2016 » Je suis complètement déboussolé car dans mes souvenirs hier nous étions le « Vendredi 5 Mars », pour me rassurer je me convaincs moi-même que ce devait être un jeune interne de seconde année qui a dû remplir le tableau en confondant les dates par étourderie. Néanmoins cela n’explique pas le fait que mon nom ne soit pas affiché. Après cette belle frayeur, je me rends à mon bureau, j’essaye d’ouvrir ma porte mais elle refuse de s’ouvrir, la serrure est bloquée, c’est en effet bien étrange et inhabituel sachant pertinemment que je ne ferme jamais à clé mon sanctuaire.
 Malheureusement pour moi, dans la précipitation de ce matin, j’ai oublié mes clés chez moi. Je suis coincé là, devant la porte de mon bureau, quand soudain une petite idée me vient à l’esprit. Je décide d’aller rendre visite à ma femme qui travaille en service de réanimation cardiaque en tant que secrétaire un étage plus bas. Mayla a toujours un double de mes clés avec elle, Mayla est vraiment une femme exceptionnelle. Une fois arrivé au second étage, j’aperçois ma femme dans une chambre de soins intensifs, effondrée en sanglots sur le corps d’un homme dont toute forme humaine a disparu, je fais un bref diagnostic. Il a les bras et les jambes fracturés, les côtes ont perforé le poumon droit entraînant une insuffisance respiratoire et également une insuffisance cardio-ventriculaire suite à la perforation d’organes vitaux qui ont engendré une hémorragie interne. Malgré ses blessures, l’homme continue de lutter contre la mort même s’il est déclaré en mort cérébrale depuis qu’il s’est fait opérer du cerveau suite à un violent traumatisme crânien. Devant la détresse de ma femme, je m’approche d’elle pour venir la consoler et en m’avançant vers le lit du soldat qui mène un véritable combat contre la mort dans d’horribles souffrances. Je constate que le mystérieux corps dépourvu de toute forme humaine allongé sur son lit, c’est le mien… Je suis horrifié par ce tableau qui se dresse devant mes yeux impuissants, lorsqu’un flash m’interrompt. Je suis dans ma voiture, je roule sur les petites routes de campagne à toute vitesse, dans un épais brouillard quand soudain une ombre sort des ténèbres, je braque mon volant pour l’ éviter. Ma voiture quitte la route pour faire un, deux, trois, quatre et cinq tonneaux, j’ai l’impression d’être pris au piège dans un ouragan où chaque bourrasque de vent me brise les os en morceaux puis je sens un déluge rougeâtre s’abattre sur moi puis soudain un éclair, une lumière, vient ensuite le vide…