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Publié : 15 novembre 2015
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Publication des nouvelles distinguées par le jury : "Je te promets".

DEUXIEME PRIX LEP, Océane Quentin, 1ère ASSP, Lycée Jean Mermoz, Bourges.

Emily est une petite fille âgée de six ans. Elle vient de perdre sa maman. Elle est dans sa chambre en train de remplir des cartons de jouets. Il flotte une odeur de gâteau au chocolat, de tarte à la poire et de compote de pommes. Cette odeur est celle de la cuisine de sa maman quand elle faisait mijoter ses petits plats : un hachis parmentier assaisonné juste comme il faut cuit au four, des pizzas agrémentées de légumes du soleil : des tomates, de la salade, des pommes de terres rehaussées d’ail, d’oignons, de sel et de poivre qui déclenchaient une explosion de saveurs uniques.

Emily arrête de préparer ses cartons et rejoint la cuisine, cette pièce qu’elle aimait tant. Elle s’imagine sa maman en train de lui cuisiner son plat préféré : un curry de légumes pimenté.
Ces souvenirs enveloppent son esprit d’une douce brume jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien autour. Elle rouvre les yeux et tout à coup, ses souvenirs s’envolent ! Il ne reste rien. La pièce est vide. Vide de sentiments, vide de chaleur. Une larme coule sur son visage las et elle repart faire ses cartons.

Elle entend quelqu’un frapper à la porte. Deux petits coups et un long. Sa maman frappait de cette manière ! Elle s’attend peut-être à ce que ce soit elle qui rentre des courses en lui disant : « Coucou chérie ! Je suis rentrée, tu viens m’aider à déballer les sacs, on va faire à manger ! ». Emily continue de fixer la porte avec les yeux remplis d’espoir, puis finit par l’ouvrir.
Ses yeux s’assombrissent. Non, non, ce n’est pas sa maman, c’est sa tante. Elle sent la cigarette et le chewing-gum à la menthe. Non, ce n’est pas l’odeur de sa maman ! Cette petite fille sait qu’elle doit aller habiter avec sa tante car elle est trop jeune pour vivre toute seule.
Cela lui brise le cœur de quitter sa maison où elle a passé son enfance : ses premiers pas, son premier mot, ses premières émotions, ses … ses premiers tout.

Le regard vide, elle regarde les déménageurs vider les pièces, chaque meuble, chaque objet qu’elle aime. Elle voulait crier de toutes ses forces : « Non, ne touchez pas à ma maison, allez-vous en », mais elle ne peut pas.
Elle se laisse tomber sur une chaise, puis elle se rappelle d’une chose que sa maman lui a dite à l’hôpital : « Ma puce, te souviens-tu du premier gâteau que nous avons fait toutes les deux ? Cela m’avait tellement rendue heureuse. Je m’étais toujours promise de transmettre mon amour de la cuisine à mon enfant, et je crois que j’ai réussi. N’oublie jamais ces goûts sucrés, salés, acides et amers, à chaque fois que tu te les rappelleras ce sera comme si j’étais tout près de toi, ma petite chérie. S’il te plaît, n’oublie jamais ».

En repensant à ces mots, les yeux d’Emily se ravivent et se mettent à briller. Elle chuchote « Maman ». Elle se lève et la main sur la poignée de la porte, elle se retourne et dit à haute voix : « Je te promets maman, de ne jamais oublier. Contre vents et marées, je continuerai de cuisiner comme tu le faisais, avec tendresse et amour, oui, je te le promets ». Et elle ferme la porte à clé.