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Publié : 14 novembre 2015
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Prix George Sand : la cérémonie à Nohant en photos.

Nohant et George Sand nous deviennent chaque jour plus nécessaires.

Il est bien difficile en un jour de deuil national, dans le choc et l’émotion des événements tragiques du 13 novembre, de se retrouver dans la paix du grenier du domaine de Nohant pour célébrer les lauréat d’un concours d’écriture de nouvelles. Ce grenier qui, selon les mots du secrétaire du jury du Prix George Sand, Olivier Lécrivain, est "à la fois le refuge des jeux de l’enfance et la mémoire d’une maison", qui semble une bulle hors du temps, est devenu ce samedi matin, 14 novembre, le lieu de célébration des pouvoirs de la littérature : 

"nous sommes convaincus qu’elle est indispensable, qu’elle enrichit l’existence et donne du sens à un monde qui perd le sien."

M. le Proviseur du Lycée George Sand, Michel-de-dieu Okala, a ouvert la cérémonie en évoquant les événements de la veille :

"Je vous prie d’excuser les absences de Mme la Sous-Préfète et de Mme le Recteur, contraintes par la triste actualité, actualité qui modifiera nos habitudes dès aujourd’hui et d’avantage la semaine prochaine dans nos établissements scolaires.

En tant que représentant de l’Etat, je ne peux pas passer sous silence les événements d’hier soir.

Jeunes gens, vous vous souviendrez de ce jour avec plaisir, mais aussi en rappel de la tristesse, car la France est en crise depuis hier soir. L’effroi a ôté la vie à plusieurs personnes. Il est difficile de clore une séquence comme celle-ci pour passer à un autre sujet, mais je rappellerai avec honneur, la devise de la République, LIBERTÉ – ÉGALITÉ – FRATERNITÉ, une devise qui restera.

Mais la vie est ainsi faite comme une sorte de marche en avant cruelle, pouvant donner l’impression d’un peu d’intérêt pour ceux qui ont laissé leur vie. Et pourtant nous nous devons de vous apprendre à avancer. C’est pour cela que nous célébrons néanmoins ce prix de la nouvelle George Sand. "

Il a ensuite remercié les personnalités présentes, parmi lesquelles, Mme Chantal Rebout, vice-présidente de la Région, déléguée à l’éducation et aux lycées, Mme Dominique Aumasson, Inspectrice d’Académie, Directrice du réseau CANOPE, Mme Sophie Hémery, Directrice des Lycées et de l’Action éducative à la Région Centre Val de Loire, Madame Aurore Proudhon, représentant le Centre des Monuments Nationaux, qui nous accueille gracieusement à Nohant. Puis ses remerciements sont allés aux membres du jury (cliquez sur le lien pour lire un article consacré à la composition du jury.) pour "leur engagement et la qualité de l’exigence dont ils ont fait preuve."

M. le Proviseur, après avoir souhaité la bienvenue aux lauréats, à leurs parents, à leurs enseignants et chefs d’établissement, a présenté le Prix George Sand comme "une belle aventure collective qui dure depuis 23 ans." Il a rendu hommage à ceux qui la rendaient possible, les partenaires, les enseignants des lycées qui y participent le plus fidèlement, Grandmont à Tours et Jean Mermoz à Bourges (et qui trustent les récompenses !), ainsi que les membres du personnel du Lycée qui participent à son organisation.

Puis il s’est adressé aux lycéens lauréats :

"Chers lauréats de ce beau samedi matin, à votre façon, vous servez la langue française et contribuez à la maintenir vivante dans un monde ouvert où vous serez peut-être amenés au niveau universitaire, à rédiger ou résumer vos thèses en anglais. Vous la servez en l’écrivant comme vous avez su le faire."

Il a loué les qualités des nouvelles primées : introspection, liberté de la jeunesse, vision singulière de l’existence, regards et témoignages de notre temps. Il a conclu ainsi :

"J’espère, chers lycéens, que le fait de participer à ce prix fera de vous qui sait, des écrivains que j’aurai la chance de lire dans quelques années, et plus modestement des lecteurs pour le reste de votre existence."

Olivier Lécrivain a pris la parole à son tour pour présenter les nouvelles des auteurs récompensés par le jury.

2015 est vraiment un très bon cru !

"Les écrits des auteurs adolescents sont souvent intenses, sérieux, et souffrent parfois du défaut de leurs qualités : ils sont tellement déterminés à nous faire passer un message que l’intrigue prend le pas sur la forme. Vous verrez qu’il n’en est rien cette année, et que nous avons souvent eu le plaisir de lire des textes où le style primait, un style original, déroutant, innovant, avec des fins ouvertes qui font travailler l’imagination du lecteur."

PREMIER PRIX : Émeline Sauser, Lycée Grandmont de Tours, 1ère L, pour "Les Méduses".
"Les Méduses" est un texte étonnant, qui a été littéralement plébiscité par tous les jurés. Le jury a adoré ce récit déconcertant, à la fois réaliste, poétique, plein d’un humour désespéré qui nous raconte le moment de rupture du narrateur, accablé par la banalité du quotidien : la pression du travail, la laideur urbaine, la superficialité des rapports humains… auxquelles s’ajoutent l’omniprésente menace terroriste, et la peur d’un embrasement final.
Moment d’émotion.
A Chantal Reboud qui lui a remis son prix en lui disant : "L’espoir, c’est vous." Emeline répond avec gravité et résolution que la jeunesse ne laissera pas la violence prendre le dessus.
PREMIER PRIX LEP : Alycia Samuel, 1ère ASSP, Lycée Jean Mermoz de Bourges pour "La souffrance de Lili".
La nouvelle d’Alycia Samuel est bouleversante. Nous avons été saisis par ce texte poignant et sobre, qu’aucune sentimentalité ne vient affadir. C’est une chronique effarante de la maltraitance quotidienne, dont l’évocation en un style volontairement neutre, presque minimaliste, fait ressortir la cruauté.
Remerciements.
Alycia a remercié son professeur de français Stéphane Bessou qui a su lui donner l’envie et le goût d’écrire.
DEUXIEME PRIX LEP, Océane Quentin, 1ère ASSP, Lycée Jean Mermoz pour "Je te promets"
Nous avons beaucoup aimé ce texte très court, où l’émotion du personnage est suggérée de façon détournée et pudique. Après Baudelaire et les parfums qui tournent dans l’air du soir, après bien sûr Marcel Proust et la madeleine trempée dans la tasse de tilleul de la tante Léonie, Océane nous fait redécouvrir avec force cette vérité : le souvenir n’est pas dans les objets, mais dans les sensations, les goûts les odeurs et les sons, qui seuls peuvent le ressusciter et maintenir le lien magique avec ceux qui nous ont quittés.
TROISIEME PRIX : Alexandre Régina, 2nde, Lycée Grandmont pour "Le casque à mémoire".
Ce récit de science fiction se déroule dans un futur que nous pourrions presque toucher du doigt : 2025. Dans cette nouvelle au style alerte, nous pouvons sans peine reconnaître notre propre univers. Nous avons beaucoup apprécié l’amère vérité qui se dégage de cet apologue ironique : tout progrès dont le but est de libérer l’homme de ses entraves, par une sorte d’inversion maligne, se transforme en son exact opposé…
PRIX SPECIAL SECONDE : Nissrine Ghouil, 2nde, Lycée Pothier d’Orléans pour "Lueurs du passé".
« Lueurs du passé » nous a séduit par sa complexité maîtrisée. Cette nouvelle, écrite dans un style rapide, haletant, s’amuse à faire des clins d’œil aux conventions du récit d’aventures exotiques et du polar. Enfin, avec une malice de feuilletoniste, l’auteur nous frustre du dénouement, avec un arrêt final sur image qui nous fait espérer une suite.
2ème accessit : Quentin Jouannet, Lycée Grandmont, pour "Amnésie".
Cette nouvelle décrit avec pudeur et justesse les effets profondément dévastateurs du viol. De plus, en enchâssant l’un dans l’autre deux effacements successifs du souvenir, elle renouvelle de façon très originale le thème de l’amnésie, classique du film et du roman policier, où le thérapeute va jouer le rôle de détective de la psyché.
3ème accessit : Loanne Chaignaud, Lycée François Villon, Beaugency, pour "Jumelles".
Marion est dans le coma depuis l’accident de voiture où ses parents ont trouvé la mort. Sa jumelle, Camille, vient tous les jours la voir, lui parler, l’embrasser, lui lire des histoires. Du fond du trou obscur dont elle est prisonnière, Marion se raccroche à la voix de sa sœur. Elle sait qu’elle doit tenir le coup, retrouver la conscience. Nous avons beaucoup aimé cette vision du coma comme une sorte de monologue intérieur où les émotions ont toujours leur place ainsi que la profession de foi résiliente à la fin de la nouvelle : « J’ai été blessée mais j’ai survécu. La vie n’est pas finie et je vais en profiter ». .
4ème accessit : Lou-Marie Béard, Lycée François Villon, pour "Les fantômes de Coralie".
Nous avons aimé ce récit fantastique bien mené, où l’univers de l’hôpital psychiatrique fait penser à un château hanté de conte gothique. Le renversement final, bien amené, est dans la droite lignée du beau film « Le sixième sens », de M. Night Shyamalan.
Chantal Rebout, vice-présidente de la Région, a prononcé le discours de clôture de la cérémonie.
Elle a dit son plaisir de participer à cette célébration de jeunes talents, dans un lieu où souffle l’esprit, et combien étaient précieuses les valeurs de culture que ce Prix contribue à diffuser.
L’équipe des agents du Lycée régale tous les ans les participants à la cérémonie.
De gauche à droite : Jean-Michel Deville, Richard Pagnard, Joëlle Watelier, Benoît Rabret, Carmen Malassenet, Christophe Philippon (qui en tant que musicien des Gâs du Berry accueille le cocktail dans le local de l’association.)
Rencontre.
Émeline a rencontré les deux assistants de langues du Lycée George Sand : Abraham, assistant d’espagnol qui vient du Mexique, et Vinita, assistante d’anglais, qui vient de Trinidad, en visite à Nohant pour découvrir George Sand et son domaine.

Je suis désolée que manquent dans cet article les photos des deux lauréates du Lycée Pierre et Marie Curie de Châteauroux que je n’ai pas réussi à capturer dans mon objectif.

Il s’agit d’Ilona Mohini-Murti Amyot, DEUXIÈME PRIX pour "Demain sera un autre jour" (que nous publierons dans un prochain article) et d’Asma Asstito, 1er accessit, pour "Le petit bonhomme au fond de la classe". 

Pourquoi le jury a aimé ces nouvelles :

"Demain sera un autre jour" est un texte étonnant, à la fois réaliste, lyrique, ponctué par la bande-son de toutes les musiques qui conviendraient à chacun des moments forts ou marquants d’une journée ordinaire de la vie d’une lycéenne. Entre journal intime, micro-trottoir, poème, et SMS ou chat, il emprunte simultément à toutes ces formes à la fois, il est admirablement construit et semble pourtant avoir été rédigé dans une transe inspirée, comme le manuscrit de On the Road, que Jack Kerouac, dit-on avait tapé à la machine sur un rouleau de papier de 36 mètres de long. C’est comme un clip vidéo tourné à l’intérieur d’un crâne adolescent. Ce récit déborde d’énergie, de générosité, d’élan juvénile vers un ailleurs qu’on ne peut pas encore définir, et d’un humour insolent qui essaie de masquer la difficulté de vivre, de s’accepter, de se dévoiler aux autres.

Nous avons beaucoup aimé le caractère instrospectif, la justesse psychologique de "Le petit bonhomme au fond de la classe", qui décrit avec finesse l’état de sidération du deuil, l’incapacité que l’on ressent à appeler à l’aide quand on est au plus mal, et ce délicat moment de bascule où l’on commence à se reconstruire.