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Publié : 17 mars 2012
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"Talleyrand, Fouché : un régal partagé"

un article de Denis Bonnet dans L’Echo-La Marseillaise

Pour un "souper" qui en réalité n’a jamais eu lieu - mais "on peut violer l’histoire, à condition de lui faire un enfant" (Alexandre Dumas père) - avec Claude Rich et Claude Brasseur incarnant respectivement le diplomate Maurice de Talleyrand-Périgord et le ministre de la police Joseph Fouché pour premiers moteurs de cette pièce signée Jean-Claude Brisville, ce fut véritablement un régal !

Elle a été jouée cette fois, ou plutôt deux, vendredi dernier, dans la salle Maurice Sand, par trois comédiens issus de la compagnie chartraine "Théâtre en pièces". Emmanuel Ray et Antoine Marneur étaient dans ces mêmes rôles, et Fabien Moiny interprétait le domestique que l’on congédie dès que les propos touchent au secret des graves décisions à prendre.

Ce beau pays de France, dont les régimes successifs, de la monarchie à la République en passant par l’Empire et la Restauration, aura dû s’accommoder de l’entregent et de la corruption chronique de ce "diable boiteux" que fut Talleyrand et plus encore des fichiers de cet obsédé du renseignement que demeura Fouché.

Devant 150 jeunes spectateurs venus du lycée polyvalent George Sand (notre photo),

lesquels à tout le moins ont laissé aimablement leurs camarades intéressés se plonger dans une époque lointaine et dans un texte sans doute suranné à leurs oreilles, puis face à 160 auditeurs adultes,

la situation précaire des deux convives,en ce 6 juillet 1815 a été rendue parfaitement perceptible. Les chants du peuple parisien (La Carmagnole, La Marseillaise...) montant de la rue, semblant de plus en plus proches, les rendent nerveux mais d’autant plus comploteurs.

Car il ne s’agit plus, pour les deux convives, d’éviter une défaite inéluctable face aux coalisés de toute l’Europe, mais de garder la certitude de recevoir du roi Louis XVIII l’absolution et les maroquins qui leur sont devenus indispensables. Et cela quelle que soit l’autorité en place...

Cette pièce prouve, s’il le fallait, que l’on continue aujourd’hui, en une pensée ambivalente, à admirer et à rejeter pareillement ces deux fourbes exemplaires.

D.B.