Vous êtes ici : Accueil > Archives du Blog > Année 2015-2016 > Vos passions, vos coups de coeur > Plaisir de lire > Un modèle intellectuel, j’ai nommé : Frédéric Beigbeder.
Par : Sophie
Publié : 15 octobre 2011
Format PDF Enregistrer au format PDF

Un modèle intellectuel, j’ai nommé : Frédéric Beigbeder.

Nouvelles sous ecstasy, 99 francs, Vacances dans le coma... Ce n’est nul autre que lui.

Frédéric Beigbeder, voit la lumière du jour à Neuilly sur Seine, en 1965. Dès son plus jeune âge, il fréquente les bancs des prestigieux lycées parisiens, Montaigne et Louis le Grand. Par la suite, il intègre l’Institut de Sciences Politiques de Paris, de renommée internationale, . Il poursuit sur sa lancée étudiante brillante en intégrant le Celsa, une grande école enseignant notamment le journalisme.

Contemplatif.

Beigbeder entame dès lors, une carrière des plus réussies... Critique littéraire, éditeur, publicitaire, chroniqueur télé et audio-visuel, fondateur (Prix de Flore et Prix Sade) et juré de prix littéraires, et enfin, écrivain.

Figurent parmi les plus célèbres de ses ouvrages :

« L’homme naît, court, se dépêche de vivre, lit des livres, va au cinéma, souffre, prend son petit déjeuner, meurt. »

Mémoires d’un jeune homme dérangé , qui par son titre, comme vous le remarquerez, fait un écho ironique aux Mémoires d’une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir.

« Dans la société ultra-libérale, les gens ne se demandent plus comment ils vont mais : “- Combien tu vas ?” »
« Tout s’achète : l’amour, l’art, la planète Terre, vous, moi. »

99 Francs, qui a été adapté au cinéma par Jan Kounen en 2006, avec notamment, le célèbre acteur français Jean Dujardin. Beigbeder lui-même y fait quelques apparitions. Il s’identifiera alors au personnage principal, Octave Parrango. 99 Francs s’avère être un réquisitoire satirique contre la Publicité.

J’ai beaucoup apprécié l’adaptation cinématographique de 99 Francs, Jean Dujardin est l’acteur idéal pour le personnage d’Octave. J’ai particulièrement apprécié la bande originale.

"La jalousie gouverne le monde. Sans elle, il n’y aurait ni amour, ni argent, ni société. Personne ne lèverait le petit doigt. Les jaloux sont le sel de la terre."

"J’avais arrêté toutes les drogues dures, je ne vois pas pourquoi l’amour aurait bénéficié d’une exception."

En lisant le recueil, Nouvelles sous ecstasy , dans lequel Beigbeder relate probablement du vécu, de l’entendu, et de l’imaginaire, je découvre une plume aigüe et provocatrice. Alors, je pense à Bret Easton Ellis.

"Bénissons nos désirs insatisfaits, chérissons nos rêves inaccessibles : l’envie nous maintient en vie."

Dans Vacances dans le coma , de huit heures du soir à l’aube, minute par minute, le narrateur relate ses déboires lors de l’inauguration d’une boite de nuit parisienne, au nom plus ou moins grossier. Ce, en préservant LE style Beigbeder, selon moi, provocateur, survolté, mélancolique et drôle à souhait.

"Beigbeder, styliste littéraire déjanté à l’écoute des pulsations de son temps, y dresse le tableau des années 1990, comme un lendemain de cuite."

"C’est donc cela, la vie d’adulte : construire des châteaux de sable, puis sauter dessus à pieds joints."

L’amour dure trois ans . Un titre accrocheur par son caractère fataliste. On y retrouve un personnage de 99 Francs , Marc Maronnier. D’inspiration autobiographique, le roman traite de déboires sentimentaux.

"De la naissance à la mort, on branche nos vies sur pilotage automatique et il faut un courage surhumain pour en dévier le cours."

Un film réalisé par Beigbeder lui-même est en cours de réalisation. Figureraient entre autres, les acteurs Louise Bourgoin, Gaspard Proust, et Joey Starr.

"Tu connais la différence entre l’amour et l’herpès ? L’herpès dure toute la vie."

"Le seul moyen de savoir ce qui s’est passé dans le restaurant situé au 107ème étage de la tour nord du World Trade Center, le 11 septembre 2001, entre 8h30 et 10h29, c’est de l’inventer."

Windows on the World , est l’ouvrage que j’ai le plus apprécié.

Je l’ai trouvé humain, actuel et le plus souvent émouvant par la tragédie relatée, dont nous venons de commémorer le dixième anniversaire. Cet ouvrage est selon moi, un hymne raffiné à l’Amérique meurtrie. On y retrouve un écrivain confronté à la tragédie de l’existence, à un monde dont la plaie béante infligée par les Hommes ne cesse de s’ouvrir, un monde subissant mortifications et outrages du temps et des époques.

Ce que je préfère chez Frédéric Beigbeder, c’est sa formidable tendance au partage. Lire les ouvrages de Beigbeder, c’est lire son âme, sa personnalité à nu. Il y a de très nombreuses références, à toutes sortes de choses, des films, comme des chansons, des noms inconnus comme des artistes de renom.

Windows on the World est parallèlement ciblé sur le célèbre chanteur et guitariste Cat Stevens (Wild world, Father and son...), qui s’orienta vers la foi islamique après une tumultueuse carrière truffées de déboires (la vie de rock star...). Il changea son nom en Yusuf Islam, décida de tout quitter et selon les mots de Beigbeder, : "Il s’estimera "sauvé par l’Islam"".

Ainsi, voilà le genre de digression culturelle que l’on peut rencontrer en lisant Beigbeder.

"Le seul moyen de savoir ce qui s’est passé dans le restaurant situé au 107ème étage de la tour nord du World Trade Center, le 11 septembre 2001, entre 8h30 et 10h29, c’est de l’inventer."

Ce restaurant a véritablement existé. Ici, plus d’informations à son sujet, ainsi que sur la célèbre photographie de l’homme en chute libre (the Falling man) qui pourrait être un employé du prestigieux restaurant.

"En même temps, si on était mort, on ne pourrait pas se plaindre de la vie."

Voici un extrait de Windows on the World :

"Dans un instant, au Windows on the World, une grosse Portoricaine va se mettre à crier. Un cadre en costume cravate aura la bouche bée. "Oh my God." Deux collègues de bureau resteront muets de stupéfaction. Un grand rouquin lâchera un "Holy shit !" La serveuse continuera de verser son thé jusqu’à ce que la tasse déborde. Il y a des secondes qui durent plus longtemps que d’autres. Comme si l’on venait d’appuyer sur la touche "Pause" d’un lecteur de DVD. Dans un instant, le temps deviendra élastique. Tous ces gens feront enfin connaissance. Dans un instant, ils seront tous cavaliers de l’Apocalypse, tous unis dans la Fin du Monde.

Parmi ses autres ouvrages figurent L’Egoïste romantique, Un Roman français ou encore, Au secours pardon .

Un homme à la sensibilité aiguisée.

"De la naissance à la mort, on branche nos vies sur pilotage automatique et il faut un courage surhumain pour en dévier le cours."

Le mois dernier est paru Premier bilan après l’apocalypse, un roman dans lequel Frédéric Beigbeder dresse la liste de ses cent livres favoris.

Le premier de la liste ? American Psycho de Bret Easton Ellis, et ce n’est probablement pas un hasard. Je pense que dans un intermonde, ces deux hommes, dont l’obsession est l’écriture, intellectuellement parlement, se joignent en un unique point. C’est seulement que l’un est français et l’autre américain.

Je dois le dire, cet écrivain ne cesse de me fasciner. Tant par son parcours, des plus admirables, que par son savoir, ou son style littéraire. Voilà pourquoi Frédéric Beigbeder incarne mon modèle intellectuel.

Et vous ?