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Publié : 3 avril 2015
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Les Héritiers : un bel appel à la fraternité, par Denis Bonnet

Le public était invité à assister jeudi dernier à la projection dans la salle Maurice Sand du film de Marie-Castille Mention Schaar "Les Héritiers", sorti quatre mois auparavant. Retard inhabituel, car les nouveautés cinématographiques sont généralement visibles quasiment en même temps ici et à Paris grâce à la vigilance de Didier Godet. Ce retard s’expliquait par la volonté de préparer au mieux cette manifestation en réunissant plusieurs partenaires afin d’engager doublement un dialogue, d’abord avec des jeunes gens puis avec un auditoire adulte.

Le visionnage de ce magnifique témoignage que constitue l’histoire, à peine romancée, de cette enseignante, incarnée sans faille par Ariane Ascaride, confrontée à une classe d’élèves d’une banlieue bariolée, considérés comme étant presque tous en échec, à peine capables d’apprendre le strict essentiel, a donc été suivie d’une double rencontre entre des membres de deux comités locaux : l’association nationale des anciens combattants et ami(e)s de la Résistance et Echange et Amitié - Tous citoyens du monde : l’après-midi, discussion avec trente-quatre lycéens et une soixantaine de collégiens castrais ; et le soir débat avec un auditoire composé de personnes adultes.

Si la situation sociale entre les établissements castrais et celui qui porte le nom de Léon Blum dont il est question dans les images du film "Les Héritiers" n’est pas comparable, loin s’en faut, l’émotion ressentie et exprimée n’en a pas moins été prolongée par des questions et des réponses à propos de ce temps, celui de la guerre et de l’occupation, de 1939 à 1945, qui, pour beaucoup de gens, obligeait à des choix cruciaux.

Au cours de cet échange respectueux de l’âge, de l’expérience et des connaissances de chacun.

Tout en se méfiant de son voisin autant que de l’ennemi et de ses sbires et en luttant primordialement pour s’alimenter, se vêtir, en envoyant des colis au million de prisonniers dans les stalags et les oflags, et en cherchant à continuer de se distraire, comment savoir dans quel camp s’engager, ne sachant que ce que la censure et la propagande voulaient alors bien laisser croire ? Seule une part de nos concitoyens de confession juive, ou des tziganes, et les maquisards se levant pour reconquérir le pays profané, avaient une certitude : s’ils étaient faits prisonniers, ils n’avaient que peu de chances de demeurer vivants face à l’implacable machine hitlérienne.

C’est pourquoi, rappelée sans forfanterie lors de ces débats empreints de courtoisie entre adolescents, adultes, résistants, partisans de la solidarité internationale, professeurs d’histoire, la devise nationale "Liberté, Égalité, Fraternité", sans omettre l’un ou l’autre de ses termes, prenait tout son sens.

D.B.