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Publié : 2 février 2013
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Kaiken - le nouveau Grangé

Enfin ! Après s’être égaré pendant tant d’années, JC Grangé renoue enfin, avec la plume qui a fait de lui, ici comme aux Etats-Unis, l’un des plus grands auteurs de polars français. Fans de la première heure avec « le vol des cigognes » et les très connues « rivières pourpres » nous n’avions pu que déplorer la récente mais inexorable dégradation du style Grangé. Lourdeurs, approximations , surenchères dans le sordide, c’était comme si la présence sur le marché de jeunes auteurs de « polar-gore » comme Maxime Chattam ou Patrick Graham avait définitivement biaisé le regard du public sur l’intrigue au profit de détails toujours plus malsains.

Résultat, depuis plusieurs années, des romans de commandes, indigestes et brouillons dans lesquels Grangé cherche à tout crin à nous faire ingurgiter l’intégralité de son dossier-presse sur le Nicaragua ou le Chili, noyant le tout dans un brouet infâme de rapports d’autopsies terrifiants et d’ésotérisme pour lycéennes.

Nul besoin de vous dire que, du haut de notre rancœur, nous attendions sans complaisance le dernier opus de l’écrivain-reporter.

Et là, c’est un coup de « kaiken » - le poignard traditionnel nippon- que nous avons encaissé en pleine poitrine.

Grangé est venu nous rappeler qu’au Japon, les maîtres sont vénérés comme des Dieux, et qu’il est, chez nous, l’un des maîtres incontestés du thriller.

En effet, seul un maître pouvait produire une intrigue aussi torturée, aussi complexe et l’assembler en un tout homogène, tout comme la lame d’un katana est patiemment forgée par l’empilement successif d’une infinité de plis de métal.

Seul un maître pouvait mettre autant de lui-même dans un roman – mariage avec une Japonaise, complexité de la psyché nippone…- tout en conservant une telle pudeur et une telle distance.

Seul un maître, enfin, pouvait insuffler à son histoire un rythme aussi effréné de la première à la dernière ligne, au point de vous laisser hébété et pantelant, après plusieurs heures de lecture ininterrompue.

Un conseil : abandonnez donc toutes résistances et laissez-vous entraîner dans le tourbillon des aventures du flic bourru Passan et de son acolyte néo-punk, le tandem jeune-vieux qui a si bien fonctionné dans « l’empire des loups ». Vous en sortirez livide, extatique, mais à coup sûr rassuré sur l’avenir littéraire de JC Grangé.