Cette rencontre marque l’aboutissement, pour eux, de tout un parcours, dans le cadre du projet "La classe, l’œuvre !", qui les a amenés à découvrir au Musée d’Issoudun, dans des films et dans les livres, l’oeuvre de Fred Deux et celle de Cécile Reims. Ces jeunes artistes ont créé, en hommage, des sculptures inspirées par leurs dessins et gravures, par leur vie aussi, leur personnalité et le couple qu’ils ont formé. Leurs sculptures ont été exposées lors de la Nuit européenne des musées au Musée d’Issoudun, le samedi 21 mai 2016, de 20h à minuit.
Elle a raconté combien sa rencontre avec Fred Deux était improbable, tant ils venaient tous deux d’univers radicalement différents, elle d’une famille juive de Lituanie, anéantie pendant la guerre, lui d’un milieu qu’elle a qualifié de sous-prolétariat, dans une misère qu’on ne peut pas imaginer. "Il vivait dans une cave." Elle a évoqué, sans insister, la résistance à laquelle ils ont pris part. Elle n’a pas caché les difficultés matérielles d’une vie consacrée à l’art, à une haute conception de l’art, dans le refus absolu de toute préoccupation commerciale. Fred Deux, a-t-elle dit, ne voulait pas vendre, ni même exposer ses oeuvres. C’est une série de hasards et de rencontres qui ont permis petit à petit qu’il devienne un artiste internationalement reconnu. Ils ont vécu pendant des années dans un hameau isolé dans lequel ils ont quand même réussi à créer un centre d’art contemporain !
Elle a montré aux élèves ce qu’était un burin, et quelle force il fallait avoir dans les mains pour entamer la surface de la plaque de cuivre. Cécile Reims a gravé les dessins d’un des artistes modernes qu’elle admire le plus, Hans Bellmer [1]. Dans ce travail d’interprétation, elle devait s’effacer pour restituer la sensibilité de l’artiste. C’est elle, bien sûr, qui a gravé l’oeuvre de Fred Deux.
Mais elle a aussi fait de la gravure personnelle. Les lycéens étaient curieux de connaître ses sources d’inspiration. Et ce qu’elle faisait quand elle était à court d’inspiration. La nature est, pour Cécile Reims, une source inépuisable d’inspiration. Elle se promène beaucoup ; il y a tant à voir aux bords de l’Indre, par exemple. Les livres sont une autre source, livres scientifiques, puisqu’elle est passionnée de coupes histologiques [2]. Elle a confié à ses auditeurs qu’enfant, elle voulait être infirmière, et qu’elle aurait voulu, plus tard, faire des études de biologie.
A la question de M. Phelippeau qui voulait savoir quel était son artiste préféré, elle a répondu "Dürer, naturellement", Dürer, le maître de tous les graveurs. [3]
Avec bienveillance et curiosité, elle leur a demandé ce qu’ils avaient retiré de leur visite des collections du Musée d’Issoudun, lesquels voulaient continuer des études artistiques, quels étaient leurs projets.
Après le départ de Cécile Reims, les lycéens ont partagé leurs sentiments autour d’un goûter préparé à leur intention par Céline Chabot, professeur-documentaliste, partie prenante du projet "La classe, l’œuvre !" Ils ont tous dit combien cette rencontre avait été émouvante et enrichissante.
[1] peintre, photographe, graveur, dessinateur et sculpteur franco-allemand. Il est l’un des artistes majeurs du surréalisme.
[2] L’histologie est la branche de la biologie et de la médecine qui étudie les tissus biologiques. Elle a pour but d’explorer la structure des organismes vivants.
[3] Albrecht Dürer (1471-1528) est un dessinateur et graveur allemand. Il amène la gravure sur cuivre, art nouveau pour l’époque, à un niveau encore jamais dépassé aujourd’hui.
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