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Publié : 4 avril 2012
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Le lycée professionnel à l’honneur au concours de poésie « La Marguerite d’Or » 2012 !

Maïté Yorke, présidente de "Rythme et Expression, vient de nous communiquer le palmarès du concours La Marguerite d’Or 2012

 Le jury, dont les délibérations se sont déroulées le samedi 31 mars, a couronné les textes suivants :

Dans la catégorie Adultes

1er prix Résilience d’ Isabelle Imbert-Soing, Levroux

2ème prix A la lisière du temps de Sarah Ranaivojaona, Issoudun

3ème prix Albarracin ou le djinn impertinent de Frédéric Roche, Lyon

Dans la catégorie Adolescents

1er prix Alzheimer de Chloë Guenier, Châteauroux, ( élève au Lycée de la Châtre )

 2ème prix La métamorphose de Daphné de Martin Labarre, Lourouer- St- Laurent

 3ème prix L’aube et le crépuscule de Pauline Chéreau, Menars

Dans la catégories Enfants

 1er prix : La citrouille de Ben & Nuts CM1-CM2, Ecole Sainte Geneviève, La Châtre

 2ème prix Ma première poésie de Lucille Bégat, La Châtre

 3ème prix L’Inspiration d’Allexanda, CE 1 Ecole Sainte Geneviève, La Châtre

 

L’association Rythme et Expression félicite les gagnants et espère une nouvelle participation des valeureux candidats dont le jury, malgré la sélection obligatoire, a apprécié les envois . 

Merci à tous d’avoir contribué au bon déroulement de cette manifestation qui nous permet chaque année de tisser des liens chaleureux grâce à la poésie.

Notre gratitude va également à la Municipalité de la Châtre et au Conseil Général de l’Indre dont les subventions conditionnent l’organisation de l’événement, aux enseignants qui se sont impliqués, aux correspondants de presse, au jury ainsi qu’aux bénévoles de l’association qui travaillent en coulisses.

La remise des prix aura lieu le Samedi 14 Avril à 15h, Salle d’Honneur de la Mairie de la Châtre.

 L’animation sera assurée par la Petite Chorale et les participants à notre Atelier d’Ecriture .

 Nous serions heureux de votre présence.

Nous ne résistons pas au plaisir de vous faire découvrir les textes lauréats, en commençant par la catégorie Adolescents, où le texte de Chloé Guenier a été très remarqué par les membres du jury, qui en ont apprécié le réalisme à la fois pudique et tendre : 

ALZHEIMER

Ma petite grand mère,

Que nous appelions mèmère,

Un jour, exactement un lundi,

Nous a affirmé d’un air ébahi

"Mais bien sûr, nous sommes samedi "

Nous avons bien ri

Car toujours notre mamie

Aimait bien cette fin de semaine

Qui nous réunissait tous autour de notre petite reine.

 

Un autre jour, comme tous les matins,

Elle partit faire ses courses en patins !

D’un air contrit, elle s’excusa, mais le lendemain

Elle omettait entre autres d’acheter le pain

Puis elle délaissa beaucoup de choses,

Même de s’occuper de ses roses.

 

Un soir, à la tombée de la nuit,

Elle partit sans bruit.

On était au mois de Novembre.

Il gelait à pierre fendre.

Nous l’avons retrouvée hagarde,

Pâle, transie, pas bavarde,

Incapable de nous expliquer

Ce qu’elle avait fait, d’où elle venait.

 

 

Puis les incidents se multiplièrent.

Les clefs de la maison se retrouvèrent

Tout au fond d’une armoire,

Au milieu d’une pile de mouchoirs.

 

Elle errait dans toute la maison,

Marmonnait des phrases sans raison.

Elle toujours si gentille, si souriante

Devenait parfois très contrariante.

Elle s’énervait pour un rien,

Agressive même avec les siens.

Un jour, le médecin nous a décrit

Dans le détail cette maladie,

Ce qu’était l’alzheimer

Dont souffrait notre grand mère .

 

A la fin d’un été,

notre mémé

Nous a quittés

Et dort enfin en paix.

La concision et la fantaisie surréaliste du texte de Martin Labarre ont également impressionné le jury :

La métamorphose de Daphné

Soudain elle rapetisse puis se glisse

Dans une carapace d’écailles jaunes et vertes

En haut de sa tête une couronne de feuilles se hisse

Sa voix se coupe, elle est muette

Plus de bras, plus de jambes telle une statue de glace

C’est sûr maintenant, elle est devenue un ananas.

Pauline Chéreau nous a décrit un paysage épuré comme un tableau japonais : 

L’aube et le crépuscule

Le matin,

à côté du thym

sur l’herbe fraiche

comme une petite mèche,

une petite et belle bulle de rosée

vient de glisser,

tombe et s’écrase.

Le soleil se lève dans l’extase

par un petit rayon

qui donne sur un lagon

Puis vient le jour

comme toujours.

et enfin le crépuscule

où se pose une libellule

sur la nuit

sans un bruit.

Le premier prix de la catégorie Enfants s’est choisi un pseudonyme plein d’un humour que l’on retrouve dans son poème La Citrouille  : 

C’est une boule orange

très étrange.

Elle a une grande bouche, 

ça c’est louche !

Aussi deux gros yeux 

et du feu 

qui clignote à l’intérieur,

ça fait peur !

Pas besoin d’avoir la trouille,

ce n’est qu’une citrouille !

Lucille Bégat ( deuxième prix ) nous fait assister à l’éclosion du désir d’écrire :

Ma première poésie

C’est un soir très tard

quand tout est noir,

que me vint l’idée d’écrire un poème.

Ce poème je l’ai écrit sur un mouchoir.

Ce mouchoir, je l’ai rangé dans mon armoire.

Mon armoire, je l’ouvre tous les soirs.

Et chaque soir,

je relis ce poème

dans le noir,

lorsqu’il est très tard.

Dans le texte d’Allexanda ( troisième prix ), on trouve un mélange d’humour et de sobriété qui peut faire penser au haïku.

Inspiration

Le printemps,

Le pollen s’envole, les oiseaux reviennent

Les rouges-gorges, si rouges et marron.

 

L’hiver

Toujours aussi blanc

Les bonshommes de neige se réveillent ;

 

La nuit,

Toujours noire blanche,

les hiboux déploient leurs ailes ;

 

Le soleil

Jaune, jaune comme

De l’or.

 

L’été,

Les fleurs bleues,

Rouges, violettes, sont si belles.

Dans la catégorie Adultes, nous avons eu un coup de cœur pour le texte d’Isabelle Imbert-Soing ( premier prix), où s’exprime un esprit de rébellion malicieuse que Jacques Prévert n’aurait pas renié :

Résilience

Ce zéro que vous me donnez, maîtresse, est bien à moi,

je le mérite, j’en prends la responsabilité.
Il m’appelle au jeu de ballon,

ce petit coquin,

aux bulles qui s’envolent bien au-delà des murs de l’école,

comme j’ai bien fait de ne rien faire !

Dans la lune, je l’ai trouvé,

il m’y remmène illico, ce petit rond rigolo.

Je le tords un peu, il ressemble à un huit,

je le couche sur ma feuille et là, c’est l’infini !

Il rejoint ses copains, c’est l’œil de Toto,

il bondit, rebondit, et puis se reproduit comme une paramécie.

Il roule dans ma tête, grossit, c’est l’avalance,

les idées se bousculent, joyeuses, autour de ce petit rond,

miroir de la planète.

Je l’accroche à une branche et il devient cerise,

il est à ma portée, c’est une note de musique…

Pardon, maîtresse ?

Ce n’est pas avec des zéros que je réussirai dans ma vie ? 

Je ne suis pas dans ma vie, c’est ma vie qui, en moi,

ouvre ce petit hublot rond et rebondit déjà,

c’est elle qui me réussit, ne vous inquiétez pas.

Ce zéro que vous me donnez, maîtresse, je l’accepte, merci.