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Par : Olivia
Publié : 22 février 2012
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La Nature morte, un genre pictural

vanitas vanitatum et omnia vanitas

Dans le cadre de notre étude en littérature du roman de Quignard et du film de Corneau, Tous les matins du monde, datant de 1991, nous avons étudié le genre de la nature morte ainsi qu’un de ses sous-genres : la vanité.

La nature morte

L’expression nature morte désigne un sujet constitué d’objets inanimés (fruits, fleurs, vases, etc.) ou d’animaux morts, puis, une œuvre (en peinture ou en photographie, etc.) représentant une nature morte. Le terme n’apparaît qu’à la fin du XVIIème siècle. Ensuite en Flandre vers 1650, apparaît le mot stilleven pour des « pièces de fruits, fleurs, poissons » ou « pièces de repas servis », ensuite adopté par les Anglais (still-life), qui se traduirait par « vie silencieuse ou vie immobile ». En Espagne, les natures mortes se présentent essentiellement sous la forme de vanités à la morale catholique, tandis que l’Europe du nord, protestante, renie les sujets religieux et se consacre à la peinture bourgeoise de la nature morte. La nature morte devient alors un outil au service des deux principales puissances religieuses du moment. La nature morte est l’occasion de prouver la virtuosité de l’artiste.

Exemple de nature morte, les fameux Tournesols selon Van Gogh.

 

 Un peintre français baroque du XVIIème siècle, Lubin Baugin 

On lui doit en partie l’émergence de la nature morte en France dans la première moitié du XVIIème siècle. D’influence flamande par le parti pris de dépouillement, de jeux sur les formes et les textures, Lubin Baugin s’éloigne cependant des écoles du nord en donnant une place prépondérante à la dimension esthétique et non aux sous-entendus moraux. Lubin Baugin est mis à l’honneur dans le film d’Alain Corneau, Tous les matins du monde.

Le peintre Lubin Baugin (joué par l’acteur Michel Bouquet) en train de peindre Nature morte à l’échiquier.

 

Un tableau existant réellement d’ailleurs ; vous pouvez vous amuser à retrouver les même objets présents sur la toile véritable de Baugin, mais également dans le roman de Quignard dans le chapitre 12, lors de la visite que Sainte Colombe et Marin Marais rendent à Baugin.

Nature morte à l’échiquier

 

 

Une nature morte : la vanité

Une vanité est une catégorie  particulière de nature morte  dont la composition allégorique  suggère que l’existence terrestre est vide, et que la vie humaine est précaire et de peu d’importance. Très répandu à l’époque baroque , le terme « vanité » signifie littéralement « souffle léger, vapeur éphémère ». Le message est de méditer sur la nature passagère et vaine (d’où « vanité ») de la vie humaine, l’inutilité des plaisirs du monde face à la mort  qui guette. 

Ces natures mortes allégoriques associent des objets évoquant la vie, la richesse et la puissance, la science et les arts, le plaisir ou la volupté, à d’autres symbolisant la mort ou la fuite du temps, pour proposer une réflexion, voire lancer un avertissement. Ainsi fleurs épanouies, coquillages et coraux, perles, bijoux, objets précieux ou argent, astrolabes ou instruments de musique côtoient-ils fleurs séchées, crânes, sabliers ou horloges, bougies éteintes ou insectes morts.

Dans les vanités, les objets représentés sont tous symboliques de la fragilité et de la brièveté de la vie, du temps qui passe, de la mort.

Parmi tous ces objets symboliques, le crâne humain, symbole de la mort, est l’un des plus courants. C’est un memento mori  (souviens-toi que tu mourras).

But  : rappeler aux hommes qu’ils sont mortels et la vanité de leurs activités ou intérêts terrestres dans les symboles des activités humaines : savoir, science, richesse, plaisirs, beauté…

Les artistes  ne cessent de vouloir capter le temps et la mort.

Un représentant de la vanité en France : Philippe de Champaigne, un peintre janséniste 

Voici une des vanités les plus célèbres, intitulée La Vanité :
sablier : fuite du temps ; crâne : méditation sur la mort ; fleur qui tend à se faner : beauté éphémère.

La vanité que nous n’avons pas cessé d’étudier en cours est celle de Lubin Baugin :  Nature morte aux gaufrettes ou Les Gaufrettes.

Elle est, en effet, présente dans le roman comme un lien indéfectible entre le vivant et la morte (les époux Sainte Colombe), entre deux mondes, et dans le film de Corneau à travers un fondu enchaîné image de film/tableau véritable.

Nature morte aux gaufrettes ou Les Gaufrettes.
Trois objets composent la vanité : la bouteille de vin tressée, les gaufrettes qui nous sont presque offertes (trompe l’oeil de l’assiette débordant de la table) et en contraste avec ce dénuement, un verre de vin rouge, un luxueux verre à pied, orné.

 

Autre toiles étudiées

Madeleine à la veilleuse du peintre Georges de La Tour
La jeune femme éclairée par la présence d’une bougie, séduisante, méditant, un crâne sur les genoux, regarde intensément la bougie sur une table encombrée de vieux livres poussiéreux n’ayant pas résisté à la fuite inexorable du temps ; peut-être médite-t-elle sur ses passions, les passions de son corps, de son ventre et non plus de son coeur ...
Instruments de musique de Evaristo Baschenis
Pommes à demi-rongées, instruments poussiéreux, partitions écorchées, cornées par le temps qui passe...