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Publié : 11 février 2012
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Diva divine... et coquine !

Une vingtaine de nos "abonnés privilégiés" ont découvert hier soir, au Théâtre Maurice Sand, une Castafiore très différente de celle d’Hergé.

 Même si, comme elle, elle a chanté le célèbre air de Marguerite, dans Faust, l’opéra de Charles Gounod, l’air des

la Castafiore interprétée par Michèle Mastrani, est une séductrice, jouant de ses charmes physiques et vocaux pour conquérir son manager, Gunter Lompstadt. 

Le retour de la Castafiore  : démonstration éclatante de la santé de l’opérette devant une salle conquise.

Virtuosité, humour,et émotion : ainsi pourrait-on résumer le pétillant spectacle que nous a proposé la Compagnie « A Courte Paille ».

Gisèle Vacher, Michèle Mastrani, Michel Delfaud, Philippe Maller, et Sébastien Gabillat, impeccablement accompagnés par leur pianiste Fabienne Leloup, nous ont chanté comme en se jouant, avec un bonheur contagieux, vingt et un morceaux tirés des opérettes les plus célèbres d’Offenbach, Henri Christine, ou Maurice Yvain, avec parfois un clin d’œil aux Noces de Figaro, ou une étonnante mélodie d’Erik Satie ( la Diva de l’Empire, ou une recette de cuisine incongrue et cocasse mise en musique par Leonard Berstein ( le compositeur, entre autres, de West Side Story ).

Quel genre méconnu que l’opérette !

La gaieté entraînante des mélodies en cache les complexités.

Offenbach était émule de Mozart au point qu’on l’avait surnommé le Petit Mozart des Champs Elysées. Et derrière la frivolité fantaisiste des livrets, on caricature avec insolence la suffisance des traîneurs de sabre du Second Empire, ou l’ennui hypocrite de l’hymen bourgeois, où toute union se révèle un ménage à trois.

Facilité apparente, difficultés réelles, dont les chanteurs de la Compagnie « A Courte Paille »  se sont joués avec la grâce des vrais artistes.

Mais comment lier harmonieusement tous ces morceaux de bravoure qui s’échelonnent sur près d’un siècle. Acteurs et metteurs en scène à la fois, les chanteurs ont imaginé une intrigue burlesque et malicieuse,qui mêle le couple maudit d’Hergé ( la Castafiore et le capitaine Haddock, devenu ici une vieille baderne de général ignare et opérettiphobe )

et des amours de comédie de boulevard sur lesquels veille l’ombre de Feydeau

Mon morceau préféré ?

Difficile à dire… peut être le Duo des Souvenirs, tiré de Phi-Phi : dans ce duo d’amour parodique, la perfection des voix contraste avec l’humour pince sans rire du texte, où derrière des rimes très soutenues au passé simple, on sent la grivoiserie toujours prête à poindre ( « Vous me débauchâtes »). Et pendant que les amoureux réconciliés roucoulent sur le devant de la scène, en arrière plan, leurs comparses se livrent à une pantomime de cinéma muet : le général déguste un verre de vin avec des grimaces d’œnologue, ou se fait nettoyer les oreilles par la soubrette et le valet de pied.