A la veille de mon retour au pays, je prends le temps d’écrire quelques lignes sur mes moins-de-quatre-ans passés loin de La Châtre. J’essaierai d’être concise, mais je me connais, j’ai le clavier facile...
J’ai eu mon bac ES en 2008, après avoir fait (presque) toute ma scolarité dans les écoles publiques castraises et y avoir passé de très belles années.
Le Berry est un endroit parfait pour passer son adolescence, d’autant que les équipements sont nombreux pour une ville de cette taille et que le lycée n’a pas à rougir devant les grands lycées urbains impersonnels, devant des usines à bac où tout le monde a le même profil social. Avoir un bac d’un petit lycée rural n’empêche en rien de faire de grandes études, au contraire, on a souvent une qualité d’éducation supérieure (à mon humble avis). Arrêtons donc de cracher dans la soupe.
Bref, j’aime La Châtre, je ne regrette aucunement d’y être restée et je trépigne d’impatience à l’idée de retourner sur les berges ou au Kilkey. Oui, oui.
Je ne dois pas cependant nier qu’une fois mon bac (presque) en poche, j’avais envie de voir du pays et de faire mes études dans d’autres villes que Tours ou Limoges où je serais restée avec mes amis berrichons avec lesquels j’avais déjà passé toute ma vie.
Petit point sur ce lycée, qui se prétend d’être le plus grand de province, avec toutes les options possibles (personnellement, j’ai pris espagnol et géographie, deux TRES bons choix). Je ne sais pas si c’est vrai, peu importe en fait, mais c’est une usine à concours... que je conseille vivement aux gens intéressés par une Hypokhâgne. Mes camarades actuels disent avoir souffert en prépa, avoir été rabaissés exactement comme le mythe le dit, que ce soit à Paris, à Pau, à Bordeaux ; je n’ai absolument pas connu ça. Malgré le nombre d’élèves, les écrasantes heures de cours et une quantité de travail importante à fournir, l’ambiance était très bonne à Faidherbe, les cours aussi, les élèves sympathiques. J’ai eu le temps de sortir et de faire les musées, tout en réussissant ma prépa dans ce lycée qui ne torture pas ses élèves et a les mêmes taux de réussite à l’ENS que les autres. A bon entendeur, donc.
Quant à Lille, c’est une ville très agréable, pas très chère, reliée à Châteauroux par un train direct en moins de 4h (s’il existe toujours...), avec une vie culturelle absolument incroyable, des possibilités de sorties nombreuses, une bonne ambiance et une position géographique plus que sympa (30min de Bruxelles, 1h de la côte, 1h30 de Londres, 1h de Paris, 1h30 d’Amsterdam...).
Après mon bac j’avais passé le concours des Instituts d’Etudes Politiques (IEP, anciennement appelés Sciences Po, qui ont changé leur nom connu pour un nom que personne ne connait il y a quelques années et ce pour des raisons obscures...) de province -grand échec- et de Paris -très grand échec-. Après ma prépa j’ai repassé le concours national pour la province, que j’ai eu... à Toulouse. Avec le recul et en comparaison avec mes amis qui ont eu les concours directement après le bac, je n’avais pas la maturité suffisante à 17 ans pour entrer en école. Bref, on fait les valises, on traverse la France, on pleure un peu, et on arrive à Toulouse, où il fait 30 degrés à la mi-septembre.
qui n’est certes pas le plus prestigieux, qui a des bâtiments qui "présentent des risques de sécurité" (=qui s’effondrent sur nous), mais encore une fois, il ne faut pas cracher dans la soupe. Un IEP de province, ça n’a rien à voir avec l’IEP de Paris (que l’on déteste cordialement, chauvinisme oblige :p), mais c’est très bien quand même. Les profs sont des gens dont la carrière et la culture généralement nous impressionnent, les cours sont de très bonne qualité et... variés. Ce dernier point est à la fois la force et la faiblesse de Sciences Po : nous sommes bons en tout et bons en rien, c’est-à-dire que nous ne sommes pas spécialisés, même à la fin du Master. Par contre, on analyse très bien et très vite, avec les multiples cordes que l’on a à notre arc (économie, droit public, science politique, sociologie, histoire, géographie, statistiques, langues) et on est capables de se former très vite, ce que les employeurs savent. La grosse lacune de l’IEP de Toulouse : les langues.
Au final, si on a un projet précis, il faut faire des stages pour enrichir le CV et se spécialiser par ses propres moyens, faire marcher sa débrouillardise pour se distinguer des milliers de sciences-potistes qui sortent chaque année des écoles. Si on n’a pas de projet précis, c’est pas grave, ça viendra.
De toute manière, on entre tous à Sciences Po pour être soit diplomate, soit enarque, soit Kouchner, on en sort tous en ayant des projets bien plus variés.
Loin de là, les S, ces prétendues élites pour qui toutes les portes s’ouvrent sont trèèèèès minoritaires (oui, je suis très fière de mon bas ES). Les ES représentent une écrasante majorité des politistes, les L viennent derrière s’ils ont regardé les infos entre Céline et Diderot (les deux pouvant vous apporter une valeur ajoutée par rapport à un ES qui ne jure que par Smith et Friedman). Les S, si tout de même vous voulez y aller, rien n’est perdu (tant que vous savez écrire sans trop de fautes) : vous aurez de meilleures notes en statistiques que les ex L et ES qui passeront le semestre à regarder le tableau bêtement en essayant de se rappeler à quoi diable servent ces symboles et ces courbes.
cette ville est chère, la culture ne vaut rien par rapport à Lille mais... quelle qualité de vie ! L’architecture de la ville, la Garonne, le soleil, la masse d’étudiants font que cette ville est super dynamique et super attachante (sans compter la croissance économique qui fait que c’est une ville déjà riche qui continue de s’enrichir par l’arrivée des jeunes cadres qui gravitent autour d’Airbus et du Cancéropôle).
J’ai hâte d’y retourner, car actuellement je suis à Montréal depuis quatre mois.
c’est-à- dire que l’on quitte l’école pendant un an pour faire des études à l’étranger dans le domaine de notre choix ou un stage en France ou à l’étranger, encore une fois dans le domaine de notre choix.
En ce qui me concerne, j’ai donc fait un semestre de géographie à l’Université du Québec à Montréal (université publique francophone) et après un passage dans le Berry, je rentre à Toulouse pour faire quatre mois et demi de stage à la Direction régionale Midi-Pyrénées de Réseau Ferré de France (le gestionnaire du réseau ferroviaire français).
A la fin de l’année scolaire je retourne à l’IEP pour un Master " Conseil et Expertise à l’Action Publique " (ça sonne bien hein ?) Mon objectif : travailler dans la prise de décision publique en aménagement ou urbanisme.
Vu la longueur de cet article, je pense que je vais écourter et conclure en disant que si quelqu’un est intéressé pour des renseignements sur Lille, sur Toulouse, sur Montréal, sur la prépa, sur les IEP de province (pour Paris, je laisse le soin à Mister Momot de le faire), n’hésitez pas à m’écrire : helene_menard chez hotmail.fr
Au plaisir ;)
Hélène M.
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