Tous les parcours sont, bien sûr, possibles, mais si vous voulez reconstituer le cheminement de nos élèves-artistes au cours des 5 mois d’ateliers multiples et variés qui ont précédé l’exposition, alors commencez par "Les mots de Corambé".
Corambé
Dans Histoire de ma vie, son œuvre autobiographique, George Sand (1804-1876) décrit une période de sa vie où, enfant, elle s’était inventé un "Dieu", pour qui elle avait élevé un petit autel naturel, dans un recoin du domaine où elle a grandi. Elle avait appelé ce Dieu Corambé.
En logo : Aurore Dupin enfant par Deschartres, vers 1807 © BnF, Estampes, N2
Extrait de
HISTOIRE DE MA VIE, Tome 6, chapitre huitième
"Voici ce que j’avais imaginé. Je voulais élever un autel à Corambé. J’avais d’ abord pensé à la grotte en rocaille qui subsistait encore, quoique ruinée et abandonnée ; mais le chemin en était trop connu et trop fréquenté. Le petit bois du jardin offrait alors certaines parties d’un fourré impénétrable. Les arbres, encore jeunes, n’avaient pas étouffé la végétation des aubépines et des troènes qui croissaient à leur pied, serrés comme les herbes d’une prairie. Dans ces massifs qui côtoyaient les allées de charmille, j’avais donc remarqué qu’il en était plusieurs où personne n’entrait jamais et où l’œil ne pouvait pénétrer durant la saison des feuilles. Je choisis le plus épais, je m’y frayai un passage et je cherchai dans le milieu un endroit convenable. Il s’y trouva, comme s’il m’eût attendue. Au centre du fourré s’élevaient trois beaux érables sortant d’un même pied, et la végétation des arbustes étouffés par leur ombrage s’arrondissait à l’entour pour former comme une petite salle de verdure. La terre était jonchée d’une mousse magnifique, et, de quelque côté qu’on portât les yeux, on ne pouvait rien distinguer dans l’interstice des broussailles à deux pas de soi. "