Visage énigmatique !
Qu’expriment ce regard,
Ces lèvres entrouvertes… ?
Pour livrer quel secret ?
Abandon impudique ?
Silence trop bavard ?
Confidences offertes
Ou mutisme indiscret ?
En tout cas c’est le Peintre
Qu’elle dévore des yeux :
Dévotion ostensible,
Qui pourrait en douter ?
Cherche-t-elle à convaincre,
Est-ce aveu audacieux
D’un amour indicible ?
Sacrilège accepté ?
Bouche presque enfantine,
Mais noblesse du port ;
Gracieuse élégance
Sous la sobriété
Austère de couventine
- Sur un fond sans décor -
De ce col blanc qui ganse,
Signe de chasteté,
L’ocre brun de la robe,
De lumière moiré ;
Ascétisme de bure…
Aussitôt démenti :
La goutte de lumière
Qui signe le tableau,
Venue de la fenêtre…
Que l’on sait être là,
Accentue le mystère ;
Larme d’un muet sanglot
De passion pour le Maître ?
Timide falbala….
Naïve envie de plaire,
Innocente impulsion
De candeur érotique ?
Ou caprice de l’Art,
Despotisme du Maître,
Servile soumission
Du modèle aseptique ?
« Non, nous dit ce regard ;
Il a volé mon âme,
Je lui donne mon cœur ;
Je ne suis plus servante ;
Il m’a transfigurée,
Fait de moi une femme !
Qu’importe le bonheur ?
Je n’étais que passante,
Il m’a éternisée !
Suis-je son Egérie ?
Mon front ceint du foulard
En turban – bleu et jaune –
Rayonne de clarté.
Suis-je Allégorie ?
Sublimation de l’Art ?
Une païenne icône,
Image d’Astarté ?
La parure exotique
Dont m’a coiffée Vermeer
Me transforme en vestale :
- Sacrifice accepté -
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Dernière mise à jour : lundi 24 janvier 2022