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Publié : 11 décembre 2015
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Du lycée George Sand à La Sorbonne, changement d’horizon

¡ Buenas tardes a todos y todas !

J’aimerais à mon tour vous parler de mon expérience post-bac, comme l’ont déjà fait certains de mes camarades. 

Titulaire du baccalauréat littéraire en 2015, j’ai décidé de me lancer dans une licence LLCER ( Lettres, Langues et Civilisations Etrangères et Régionales ) en espagnol à La Sorbonne, Paris IV. Autant vous dire que le changement a été radical !

J’ai, tout d’abord, eu beaucoup de chance : vers fin juin, mes parents m’avaient déjà trouvé un appartement en résidence étudiante à Aubervilliers, en Seine Saint-Denis (dans le 93, c’est-à-dire dans la banlieue nord). Imaginez donc un natif du Berry, ayant grandi dans un milieu aussi paisible que rural, arriver du haut de ses 17 ans avec ses valises dans la banlieue nord de Paris, réputée pour sa délinquance (entre autres). 

Eh bien, figurez-vous que c’est la meilleure chose qui me soit jamais arrivée !

Forcément, au début, on appréhende. Je me suis demandé comment moi, Vincent, qui ne savais même pas ouvrir une boite de conserves avec un ouvre-boîte pour droitier, j’allais réussir à survivre dans un milieu si différent. Croyez-moi : quand arrive le grand jour, on dit au revoir à papa et maman sur le quai, et on prend dix ans d’un coup. 

Je veux dire par là qu’on se sent à la fois libre et un peu triste de partir du cocon familial, où l’on prenait si bien soin de vous. C’est dur, au début, de se dire que l’on doit se faire à manger tout seul, faire sa lessive tout seul, faire le ménage tout seul... et j’en passe et des meilleures. Mais croyez-moi : deux jours après, on n’y pense plus.

Parce que maintenant VOUS avez votre propre appartement, VOS horaires, et VOS responsabilités. Ça vaut bien tout le reste, non ?

La faculté 

J’ai donc, comme je l’ai dit précédemment, décidé de me diriger vers une filière qui me permettrait d’étudier l’espagnol, chose que j’attendais depuis très longtemps. Et je n’ai pas été déçu : c’était tout ce que j’avais espéré.

Les choses sont bien différentes du lycée. Nos cours sont principalement des TD (auxquels nous sommes obligés d’assister, cependant très peu de professeurs font vraiment l’appel), et nous avons aussi quelques cours magistraux, en amphi. Si vous n’avez pas envie de venir, ne venez pas : on ne vous en tiendra pas rigueur. Vous n’êtes qu’un nom sur une liste, au contraire du lycée, où les profs vous connaissent ( surtout en L où on était 17 l’année dernière ) et où on appelle directement vos parents si vous avez une absence injustifiée. Et me concernant, cet anonymat, cette liberté qu’on nous offre, m’a fait le plus grand bien. 

On m’a souvent dit : "les professeurs à la fac se fichent que tu réussisses ou non". Du coup, je m’attendais à une équipe pédagogique du genre : "Hola, qué tal, abrid el cuaderno, fermez-la".

Et à ma grande surprise, ce fut TOUT LE CONTRAIRE que j’ai pu remarquer, pour la plupart d’entre eux, passionés et passionants. Chacun des cours apporte quelque chose de différent, de plus que les autres, et pour ma part j’apprécie particulièrement le thème (traduction du français vers l’espagnol) et la linguistique. La grammaire aussi, espagnole, mais aussi française : on apprend des tas de choses sur une manière de penser et de voir les choses selon un certain relativisme culturel. 

En LLCER, on vit espagnol, on mange espagnol, on chante espagnol, on dort espagnol (littéralement : quand j’ai rêvé pour la première fois en espagnol, j’ai été choqué) etc. La charge de travail, aussi, est conséquente : contrairement à ce qu’on dit, ne comptez pas vous reposer sur vos lauriers, Mathilde l’a très bien dit dans son article "L’université ou l’entrée dans la fosse aux lions". Mais je ne regrette en rien mon entrée dans cette filière : le jeu en vaut la chandelle.

A la fac, on se fait très vite des amis et c’est là, pour moi, son point fort.

Le sentiment d’entraide est très fort, du moins dans ma promo. Au-delà de tout ça, on rencontre des tas de gens, pour un peu que vous soyez extraverti. La mixité sociale et ethnique est très grande et est source majeure d’enrichissement : une Uruguayenne qui vous fait goûter les plats nationaux de son pays ; un Mexicain qui est resté deux ans au Japon et qui a posé le pied sur chaque continent du haut de ses 22 ans ; une végétalienne ; une Hindoue qui croit en la réincarnation ; une fille qui a fait l’école du Louvre ; un garçon qui s’est réorienté après un an de médecine et qui peut vous expliquer de cabo a nabo le fonctionemment de l’appareil digestif ; des musulmans, des protestants, des catholiques, des gens qui ont beaucoup voyagé : voici ce que vous pourrez rencontrer si vous allez à la fac.

Vous l’aurez compris : la fac, c’est, pour moi, un lieu d’épanouissement total. Des cours plus qu’intéressants, des profs motivants, des gens qui vous font mûrir et accepter tous les points de vue possibles et imaginables : voici pourquoi je ne regrette en rien d’avoir intégré la Sorbonne. 

D’autant plus que si en fac il faut travailler, vous avez quand même du temps pour vous. Et c’est là qu’habiter Paris s’avère être une chance pour un étudiant : vous pouvez vous perdre dans les musées, participer aux mouvements culturels, sortir avec des amis et rentrer à n’importe quelle heure grâce au métro... 

Quelques conseils pour les futurs bacheliers :

Vous l’aurez compris, la vie en autonomie c’est génial ; cependant, voici quelques conseils que je pense judicieux d’appliquer.

- Postulez pour une demande d’appartement le plus tôt possible, voir avant le bac si possible, du moins si vous êtes sûrs comme moi de ne pas toucher de bourse. De nombreux sites sont spécialisés dans la recherche de logement étudiant : adele.org par exemple, ou bien fac-habitat.com

- Même si la fac vous laisse une grande liberté, ne lâchez pas l’affaire. Au début, c’est très impressionnant : je me rappelle du premier cours de civilisation espagnole en amphi où le prof a parlé non-stop pendant une heure en espagnol, et ce très vite. Ou encore de la prof de grammaire, qui nous a demandé de trouver le "syntagme nominal" dans une phrase, à la cinquième minute du premier cours. Donc, ne lâchez rien, révisez, et dîtes-vous que si d’autres l’ont fait avant, il est tout aussi possible que VOUS réussissiez.

- Prévoyez un peu d’argent pour votre installation mais aussi pour l’imprimante de la fac. C’est LE truc auquel on ne pense pas, mais pourtant vous aurez beaucoup à imprimer (les profs en fac ne vous impriment rien, c’est à vous de le faire). Et mine de rien, ce n’est pas donné pour un étudiant qui fait attention à son budget.

-Faites votre inscription en présentiel si vous le pouvez (c’est à dire qu’en envoyant votre dossier d’inscription, vous risquez de ne recevoir votre carte d’étudiant qu’au mois d’octobre, voire plus tard).

-N’hésitez pas à prendre une fac d’espagnol si vous êtes passioné(e)s par les cultures ibériques et que vous n’avez pris qu’espagnol LV2 au lycée ( ou que vous n’avez pas eu de professeur pendant un an...). C’est votre intérêt et votre travail qui comptent. De même, ne pensez pas que c’est plus facile pour un hispanohablante d’étudier dans cette filière en étant bilingue. Au contraire : le système scolaire français se veut super-ordonné, à l’inverse des systèmes espagnols et latino-américains.

-Et surtout VIVEZ. Sortez, rencontrez des gens différents, vivez vos propres expériences. Les études se réussissent aussi en faisant preuve de curiosité... N’oubliez pas non plus de revenir vous ressourcer parfois chez vos parents, à la campagne. La ville, c’est génial et je suis d’accord, ça change ; seulement, vous verrez que certaines petites choses vous manqueront parfois. Pour moi, c’est le fait de ne plus pouvoir sentir l’odeur de foin coupé, de ne plus pouvoir voir les étoiles une fois la nuit tombée, et surtout de ne plus plus pouvoir me balader librement dans la campagne, qui me manquent le plus. Mais cela est bien comblé par la vie parisienne, toujours pleine de rires qui ne s’arrêtent jamais.

De même que vous devez profiter de vos années lycée à La Châtre, si vous choisissez la fac, vous vous épanouirez également. Surtout, n’ayez pas peur de cette plongée vers l’inconnu : c’est ce qui fait tout le charme de la vie étudiante. En plus, vous ferez rire tout le monde quand vous imiterez l’accent berrichon.

Comme l’a dit un poète : "La vida es poca, [...] ( si restamos las horas en que nos preguntamos quién somos realmente o salimos al mundo con la máscara puesta )" 

Muchas gracias por haberme leído. ¡ Hasta la próxima !