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Publié : 18 octobre 2011
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Cady in Costa Rica.

"Cady", c’est Acadia, lycéenne américaine qui a passé un an dans notre Lycée, en 1ere L (2007-2008), grâce au programme de l’AFS.

Elle a été accueillie par les Rouillard, qui est devenue sa famille française, et, alors qu’elle n’avait que deux ans d’étude du français, avant son arrivée à La Châtre, elle a passé les épreuves anticipées du baccalauréat (dont l’épreuve de français qu’elle a brillamment réussie).

Acadia a publié, l’année dernière, dans notre rubrique en V.O. un article passionnant en anglais sur son parcours d’étudiante à Amherst, dans le Massachusetts.

"News from Acadia..."

Aujourd’hui, elle vit une nouvelle expérience de dépaysement éprouvante et exaltante à la fois, au Costa Rica, pays d’Amérique centrale.

Et c’est en français qu’elle raconte à ses amis en France, ce premier mois " très déconcertant", comme elle dit.

Lettre ouverte à tous.

...

Ici au Costa Rica, je ne parle pas souvent de mes amis et famille en France.

Je reconnais enfin la chance que j’ai eue (et que j’ai) d’avoir pu faire une séjour si long en un pays si magnifique. D’aller en Europe est comme un rêve, mais j’ai eu la chance de réaliser ce rêve. Je parle de mon séjour d’un an, seulement quand je veux m’excuser pour mon accent terrible (je n’arrive jamais à faire le "R"), quand quelqu’un me demande en quels pays j’ai déjà voyagé (c’est surprenant combien de fois j’ai déjà répondu à cette question), ou s’ils demandent si je me sens seule parce que je suis une fille unique (aussi, très rares ici). En réalité, je me sens très, très loin d’être une "fille unique", mais c’est une histoire pour une autre fois.

Malgré tout, le voyage et les rencontres que j’ai faits en France à seize, dix-sept ans, sont dans ma tête quasiment tout le temps.

Aux États-Unis, j’ai pu me séparer un peu de la part de mon esprit qui voulait retourner en France, et qui parlait en français dans les ombres de mes pensées, et pensait tous les jours à ma maison et famille françaises, parce que je ne pouvais pas continuer de vivre en deux pays à la fois, sans me perdre dans le monde où je vivais physiquement.

Tout est très, très déconcertant en ce moment.

Hier, Antonio, le chef de mon programme à l’ICADS ( l’Institut de développement de l’Amérique Centrale) parlait des ponts. Il disait que nous sommes maintenant (et peut-être étions déjà) des ponts entre deux cultures - et que la chose qui est difficile pour les ponts est qu’ils ne sont jamais d’un côté de la rivière ou de l’autre. Je crois que même avant de partir en France, je me suis toujours trouvée avec deux pieds en deux mondes différents : entre de multiples maisons, états, parents, amis, écoles. C’est un peu dramatique, mais c’est la vérité. Et maintenant, même plus que quand j’étais en France, ou depuis que je suis rentrée dans le Maine, je n’arrive pas à trouver l’équilibre que je maintenais avant de découvrir ce nouveau pays et nouvelle culture.

Mais je ne veux pas me plaindre, j’ai tant de chance de pouvoir venir au Costa Rica pour trois mois et demi.

Je ne sais pas comment je suis arrivée ici, il y a beaucoup de choses qui se sont combinées, mais maintenant je me trouve dans un pays pratiquement fait pour tout ce que j’étudie à la fac - la justice environnementale, la biologie, et l’histoire de la conquête et les droits des Amérindiens - et tous les jours je rencontre plus de choses fascinantes... Pour la première fois dans ma vie, je suis dans un pays qui rassemble la majorité de tout ce qui m’intéresse. Je ne sais pas où commencer... Tous les jours, dans la rue ou dans mes cours, je suis écrasée par toute l’information que j’apprends.

Mais en même temps, je ne suis pas très heureuse dans cette ville, ni même dans ce pays.

Bien sûr que c’est magnifique ici, et j’adore ma famille d’accueil, la nourriture, la langue, et l’histoire et le caractère unique du Costa Rica. Peut-être que c’est seulement parce que nous n’avons pas encore voyagé beaucoup au Costa Rica - autour de la capitale San José, c’est tout.

Nous verrons, parce que les prochaines trois ou quatre semaines, je vais voyager partout avec ma classe dans le "Programme de la Campagne" de l’ICADS.

Nous allons voir des agriculteurs, des professeurs, pour apprendre l’histoire, la politique, et la science, rencontrer des gens qui travaillent pour des associations importantes ici au Costa Rica, des immigrants et d’autres gens qui n’ont pas la parole ici....C’est très possible qu’après trois semaines à avoir vu beaucoup plus de ce pays, je vais avoir une autre (et peut-être plus réelle) compréhension de ce pays.

En ce moment, c’est plutôt concentré autour de San José, une ville moche (comme celles des États-Unis !) qui est dangereuse - plus pour les femmes que les hommes.

Honnêtement, la chose qui m’embête le plus est que je ne peux absolument pas me promener la nuit, et comme j’ai toujours vécu dans des lieux très isolés, mais quand même sans danger, c’est étouffant pour moi de vivre ici, dans une vallée polluée qui est loin de la mer.

Heureusement, j’ai eu la chance de me trouver avec une famille d’accueil ici qui possède deux petites fermes autour de la ville - une dans les montagnes de Cartago, l’autre je ne sais pas où encore. ...

Dans la fin de son article, Acadia parle de ses difficultés linguistiques, de la peur de perdre son français alors qu’elle est en train d’apprendre l’espagnol, de son désir de communiquer avec ses amis, chacun dans sa langue... Voici sa conclusion, qui résume bien son esprit combatif !

...je suis jeune, et d’être jeune signifie que je peux essayer de faire l’impossible. Et si je n’y arrive pas, bah - je vais essayer de faire d’autre choses encore plus difficiles.