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Par : Claire E.
Publié : 14 octobre 2014
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Man Ray : photographe révolutionnaire

Avant toute chose, Man Ray n’était pas seulement un photographe. Il a été peintre, dessinateur, cinéaste, créateur d’objets…bref, un artiste polymorphe (d’ailleurs d’autres articles sur le blog exposent ses nombreux talents). Mais ici vous l’avez compris, nous allons seulement explorer les photographies de cet artiste profondément surréaliste. L’appareil photographique, ou du moins considéré comme tel dans les années 1920, est donc l’outil de l’art moderne par excellence selon Man Ray.

Mais une petite biographie de l’artiste s’impose avant d’entrer dans le vif du sujet :

 Emmanuel Rudzitsky, plus tard Man Ray, est né le 27 août 1890, à Philadelphie. C’est en tant que dessinateur publicitaire que Man Ray fait ses débuts dans la vie active en 1912. Avec son ami Marcel Duchamp, ils font partie du mouvement Dada à New-York. Mais en 1920, Man Ray conclut que « Dada ne peut pas vivre à New-York ». C’est ainsi qu’il débarque le 14 juillet 1921 au Havre. Il rencontre, avec Marcel Duchamp, le soir même où ils arrivent à Paris, des surréalistes comme Louis Aragon, André Breton, Paul Eluard et Gala…
Il tombe amoureux de Kiki de Montparnasse et rencontre le couturier Paul Poiret. Il commencera par prendre des photos de mode pour des magazines, et se fera un nom. 

 Le collier tragique, 1930

 

 Virginia Woolf, à la une du Times, 12/04/1912

En 1925, Man Ray participe avec Arp, Ernst, Masson, Miro et Picasso à la première exposition surréaliste. À Montparnasse, durant trente ans, Man Ray révolutionne l’art photographique. Les grands artistes de son temps posent sous son objectif comme Meret Oppenheim qui était une artiste peintre et plasticienne surréaliste. Elle était amie avec Max Ernst et Man Ray, Celui-ci l’a d’ailleurs photographiée à plusieurs reprises. L’une de ses créations, Le Déjeuner en fourrure, est un emblème du surréalisme. C’est une tasse, une soucoupe et une cuillère recouvertes de fourrure.


 Le violon d’Ingres, 1924

Le modèle est Kiki de Montparnasse, muse et amante de l’artiste pendant plus de 5 ans. Elle était actrice, peintre, artiste de cabaret et modèle. Elle a pourtant longuement hésité avant de poser pour Man Ray. En effet, à cette époque, la photographie était réservée à la pornographie. Cette photographie peut être interprétée comme un hommage au tableau d’Ingres intitulé « Le Bain turc » (1862). Les ouïes du violon dessinées sur ses reins sont à l’encre de Chine et à la mine de plomb. Ces éléments rajoutés illustrent le goût pour l’insolite très cher aux surréalistes.

Noire et blanche, 1926

C’est un portrait de Kiki de Montparnasse, que l’on retrouve avec un masque africain tenu perpendiculairement par rapport à son visage. Beaucoup d’artistes utilisent ces masques, car ils viennent d’une culture complètement différente de la nôtre. Man Ray cite l’Art africain comme un modèle en rupture avec la représentation traditionnelle convenue en Occident.


Larmes de verre, 1932

Grâce aux longs cils maquillés, on peut savoir que c’est un œil de femme. Les larmes sont représentées en verre. Depuis 1929, c’est-à-dire le début de sa relation avec Lee Miller, les réalisations de Man Ray sont plus beaucoup plus érotiques, voire même pornographiques. Il l’a assez répété : ce sont ses fantasmes qu’il photographie. Mais au-delà de ces propres fantasmes, c’est un hommage à Sade car c’est à cette même époque que l’on redécouvre son œuvre.

Le marquis de Sade, (1740-1814), fut d’abord un militaire, auteur de pièces de théâtre, puis écrivain afin de lutter contre l’ennui, car il vécut plus de 30 ans en prison  ! Ce qui est étonnant chez cet homme, c’est qu’il a eu énormément de chance (enfin je trouve) puisqu’il a échappé plusieurs fois à la mort. Il a été condamné à mort en 1772, pour avoir rendu malade une prostituée (à qui il avait fait prendre des dragées aphrodisiaques). Il s’évada, puis fut retrouvé et emprisonné jusqu’en 1790. Il fut de nouveau condamné à mort en 1793, mais fut sauvé grâce à une erreur administrative ! Il finit sa vie dans un asile de fous à cause de ses ouvrages considérés comme outrageants par leur violence pornographique.
 

Man Ray nous a laissé de nombreuses autres photos, celles-ci ne sont qu’un petit aperçu de ses oeuvres